La croissance économique, un enjeu majeur ?

1 – qu’est-ce que la croissance économique et comment la mesure-t-on ?

photo de François PerrouxFrançois Perroux (1903 – 1987) est un économiste français. Pour lui, la croissance économique n’apparaît réellement qu’avec la première Révolution Industrielle en Angleterrre, dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle. Il la définit de la façon suivante : «la croissance économique est l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels».

La croissance économique est donc l’augmentation de la production de biens et de services , c’est-à-dire, l’augmentation du PIB, puisque le PIB est un indicateur qui mesure le niveau de production d’un pays. La croissance économique se mesure sur une assez longue période (plusieurs années).

Définition :
Croissance économique : augmentation sur une assez longue période du produit intérieur brut en volume (PIB), c’est-à-dire de la quantité de biens et de services produits.

Remarque : pour calculer la croissance économique, on utilise le taux de variation (ou taux de croissance) :

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VD représente alors la valeur du PIB au début de la période et VA la valeur du PIB à la fin de la période.

Qu'est-ce que le PIB (Produit Intérieur Brut) ?

Le PIB se calcule en faisant la somme des valeurs ajoutées de toutes les organisations productives (entreprises, administrations, etc.) résidentes depuis plus d’un an sur le territoire nationale.

Il existe deux types de valeurs ajoutées :
- les valeurs ajoutées des productions non marchandes (évaluées par convention à leur coût de production)
- les valeurs ajoutées des productions marchandes (égales à la valeur de la production moins la valeur des consommations intermédiaires).

Remarque : il existe deux autres manières de calculer le PIB. Le PIB est aussi la somme de tous les revenus ainsi que la somme de toutes les dépenses.

Définion :
PIB (produit intérieur brut) : mesure la richesse effectivement créée par une économie au cours d’une année. On obtient le PIB en faisant la somme des valeurs ajoutées des secteurs institutionnels résidant sur le territoire national
.

Le PIB par habitant d'un pays permet d'avoir une mesure du niveau de vie moyen d'un habitant de ce pays.

Le PIB par habitant permet de faire des comparaisons entre pays malgré les différences de nombre d'habitants. Ainsi, un PIB global élevé ne signifie pas que les habitants ont un niveau de vie élevé selon qu'ils soient nombreux ou non à se le partager.

Image 1 :

Par exemple la Chine qui a un PIB global plus élevé que la France, a un PIB par habitant moins élevé. Les chinois sont en effet bien plus nombreux que les français : 1,393 milliards contre 67 millions d'habitants (image 1).

Lorsque la valeur du PIB augmente, cela peut être dû à l’augmentation des quantités produites et / ou à l’augmentation du prix des biens et des services produits. Or il y a une augmentation des richesses seulement dans le premier cas. Ainsi, pour étudier l’augmentation des richesses, les économistes étudient l’augmentation du PIB pour laquelle l’effet lié à la variation des prix a été supprimée : il s’agit du PIB en volume. Ainsi on distingue deux types de PIB :

Et la croissance économique se calcule à partir du PIB en volume.

Tableau 1 :

Variation du PIB en volume de la France en pourcentage


D'après l'INSEE.

¹ : le taux de croissance annuel moyen (TCAM) est le taux de variation moyen sur la période de 2009 à 2017. Cela veut dire que si le taux de croissance avait été le même chaque année, il aurait été de 0,8 %.

Selon le tableau 1, le PIB de la France ne diminue pas entre 2011 et 2012, mais il augmente moins fortement en 2012 qu’en 2011. On parle alors de ralentissement économique.

En 2009, le taux de variation du PIB est négatif : cela veut dire que le PIB a diminué de 2,9% (il s’agit de la crise des subprimes de 2008 - 2009 appelée aussi Grande Récession).

Ainsi, selon l’Insee, entre 2009 et 2017, le PIB de la France a augmenté de 0,8% en moyenne chaque année (TCAM = 0,8%).

Le taux de croissance annuel moyen est un taux de variation moyen sur une période considérée.

En réalité les variations du PIB ne sont pas régulières, elle sont parfois au dessus de la moyenne (comme en 2017) et parfois en dessous (comme en 2012) : on parle de fluctuations économiques.

Le TCAM nous donne la tendance en ce qui concerne l’évolution du PIB, indépendamment de ces fluctuations.

2 – caractéristiques et intérêts de la croissance économique

Tableau 2 :

Taux de variation annuel moyen du PIB par tête en volume


D’après la base de données Total Economy Database, Conference Board, 2019.

Selon le tableau 2, et d'après les données du conference board, entre 2014 et 2019, le produit intérieur brut (PIB) de la France a augmenté de 1% en moyenne chaque année.

A la suite des Trente Glorieuses (1945 - 1975), la croissance économique devient progressivement de plus en plus faible (le TCAM diminue) dans la plupart des pays développés.

photo de Lauwrence Summers

Remarque : Les Trente Glorieuses correspondent à la période d’après guerre (1945 – 1975) où la plupart des pays développés ont connu une forte croissance économique (TCAM très élevé pendant la période). Pour la plupart des économistes, ce sont les Trente Glorieuses qui font figure d'exception car la croissance économique y était relativement élevée. Toutefois pour certains économistes comme Lawrence Summers, les pays développés seraient touchés par un phénomène de stagnation séculaire (période de faible croissance voire de croissance nulle qui devrait durer longtemps).


photo de David Ricardo

Autre remarque : David Ricardo (1772 – 1823), économiste classique, estimait déjà en son temps que l’économie finirait par tendre vers un état stationnaire, c'est-à-dire, une économie dont les activités sont relativement stables, ne favorisant ainsi ni la croissance ni la décroissance de celle-ci (le taux de croissance tendrait donc vers zéro).


La fable du nénuphar

photo d'un nénuphar
Un nénuphar dans une marre voit sa taille doubler tous les jours. Le nénuphar finit par occuper toute la surface de la marre au bout de 30 jours. La question que l'on se pose, c'est au bout de combien de temps le nénuphar occupe-t-il la moitié de la marre ?


Au bout du 29ème jour, le nénuphar va occuper la moitié de la marre. Sa taille doublera le 30ème jour pour occuper la totalité de la marre.

Grâce à cette fable, on se rend bien compte du caractère cumulatif de la croissance (ici d’un nénuphar). Tout en gardant le même rythme de croissance, le nénuphar va mettre 29 jours pour occuper la moitié de la marre et un seul jour pour occuper l’autre moitié de la marre (la dernière augmentation se fait sur un nénuphar dont la taille a déjà fortement augmenté).

Ainsi, en augmentant de seulement 1 % chaque année, le PIB augmente de 50 % au bout de 41 ans (en une génération). En effet, chaque augmentation se fait sur un PIB qui a déjà augmenté.


Conclusion :
A la suite des Trente Glorieuses (1945 - 1975), le taux de croissance de la plupart des pays développés devient faible et fait craindre un phénomène de stagnation séculaire. Toutefois, du fait du caractère cumulatif de la croissance économique, le PIB continue de croître de manière significative.


Figure 1 :

document activité 5


Tableau 3 :

Années d'espérance de vie à la naissance

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D’après A. Maddison, l'économie mondiale, une perspective millénaire, OCDE, 2001.

Comme on peut le voir sur la courbe (figure 1), la croissance économique est un phénomène récent qui débute dans les années 1800 avec la Révolution Industrielle. Par exemple, entre 1820 et 2001, le PIB mondial par habitant va être multiplié par 10.

L’espérance de vie à la naissance dans le monde a été multipliée par 2,5 entre 1820 et 1999 (66/26).
Selon l’INSEE, L'espérance de vie à la naissance représente la durée de vie moyenne d'une génération fictive soumise aux conditions de mortalité par âge de l'année considérée. Ainsi, la génération née en1820 en France vivait en moyenne jusqu’à l’âge de 37 ans. Et comme il s’agit d’une moyenne, certains pouvaient vivre plus vieux, mais d’autres mourraient plus jeune (parfois même à la naissance).

Il y a une corrélation entre ces deux phénomènes et il y a un lien de causalité : c’est l’augmentation du niveau de vie (augmentation du PIB mondial par habitant) qui va permettre une amélioration des conditions de vie et ainsi un allongement de l’espérance de vie.

La croissance économique a permise en 200 ans aux français de doubler leur espérance de vie à la naissance. On peut dire qu’ils gagnent une vie (en réalité, c’est surtout la baisse de la mortalité qui fait augmenter mécaniquement l’espérance de vie à la naissance). On comprend aisément l’intérêt que peuvent porter nos économies à ce phénomène de croissance économique.