Quels sont les défis de la croissance économique ?

1 – comment le progrès technique accentue-t-il les inégalités de revenus ?

Dans les années 1980 (après les Trente Glorieuses), les inégalités de salaires ont commencé a croître de façon significative dans certains pays développés. Une explication dominante a alors commencé à émerger sous le vocable de progrès technique biaisé que l’on peut traduire par progrès technique faussé.

L’idée est que le progrès technique porté par la révolution numérique ne bénéficie essentiellement qu’aux travailleurs qualifiés, capable d’accroître leur productivité grâce aux ordinateurs et autres technologies.

Le travail qualifié et les machines qui bénéficie d’un degré de technologie assez élevé sont complémentaires : plus on dispose de l’un, plus il est productif de lui adjoindre l’autre.

Le travail non qualifié et le progrès technique sont substituables : il est possible de remplacer un salarié qui effectue des tâches simples, répétitives et routinières par des machines.

Les travailleurs qualifiés devenant grâce au progrès technique plus productif, sont de plus en plus demandés par les entreprises. Pour les attirer, les entreprises leur proposent des salaires de plus en plus élevés.

La demande de travailleurs non qualifiés par les entreprises a tendance à diminuer car les tâches effectuées par ces derniers sont maintenant en partie effectuées par des machines. Les salaires ont donc tendance à diminuer.

L’écart entre les salaires des plus qualifiés et les salaires des moins qualifiés a donc tendance à augmenter : le progrès technique engendre donc des inégalités de revenus.

Définition :
progrès technique biaisé : progrès technique qui bénéficie essentiellement aux travailleurs qualifiés et qui accroît de ce fait les inégalités de revenus.

Synthèse :

schéma inégalités de revenus

2 – comment rendre la croissance économique soutenable ?

Les trois principales limites écologiques auxquelles se heurte la croissance économique sont :

- la pollution : l’activité économique pollue en rejetant par exemple des particules fines dans l’atmosphère que nous respirons,

- l’épuisement des ressources naturelles (poissons, pétrole, etc.),

- le réchauffement climatique du aux émissions de gaz à effet de serre et notamment le gaz carbonique (CO2).

Les pollutions aux particules fines ou aux plastiques sont des exemples de pollution :

photos de pollution à Paris selon une étude parue en 2016, la pollution aux particules fines réduirait l’espérance de vie de deux années dans les villes françaises les plus polluées et serait responsable de 48 000 morts prématurés par an. Le progrès technique a permis de réduire les émissions de particules des moteurs à combustion, mais pas les émissions de particules fines (issues notamment des moteurs diesels). Celles-ci pénètrent profondément dans les poumons et certaines passent même directement dans le sang.

Selon une étude récente (août 2019), on retrouve aussi dans l’air des micro-plastiques. Le plastique pollue déjà les océans (on y recense cinq continents de plastique) et par les airs il se propage dans des zones éloignés de l’activité humaines (sommets alpins, Artique, Antartique, etc.). Cette pollution pourrait aussi avoir des conséquences sur la santé de l’homme.

Le réchauffement climatique est principalement du aux émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) :

photos de pollution à Paris
Les pays développés sont à l’origine de fortes émissions de dioxyde de carbone à partir du XIXème siècle (Révolution Industrielle) du fait d’une consommation croissante d’énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) estime que le réchauffement climatique est la conséquence des émissions humaines de GES. 80% des émissions de GES sont des émissions de CO2.


photos de pollution à Paris
Le Rapport Brundtland est le nom communément donné à une publication, officiellement intitulée Notre avenir à tous (Our Common Future), rédigée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l'Organisation des Nations unies. ce rapport utilise pour la première fois l'expression de « sustainable development », traduit en français par « développement durable », et il lui donne une définition : « Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.


Les énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) sont des ressources non renouvelables. En effet, il faudrait des conditions particulières et quelques millions d’années pour qu’elles se renouvellent. Elles sont donc épuisables ; il nous reste en effet un peu moins de 50 ans de ressources en pétrole, au rythme de consommation actuel.

Les ressources halieutiques (poissons) sont des ressources renouvelables, mais cela ne veut pas dire qu’elles sont inépuisables. Elles s’épuisent en effet, si on ne leur laisse pas le temps de se renouveler.

Il existe d’autres causes au réchauffement climatique comme : l’élevage intensif, la déforestation, la fonte du permafrost, etc.

Une croissance économique soutenable est une croissance économique qui permet un développement durable, c’est-à-dire, un développement qui n’épuise pas toutes les ressources naturelles afin d’en laisser aux générations futurs et qui préserve l’environnement (afin que les générations futurs puissent en bénéficier). Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Remarque : les mots soutenable et durable sont des synonymes : on peut parler de croissance soutenable ou de croissance durable ; on peut parler de développement durable ou de développement soutenable.

à savoir : il est important de comprendre le lien entre croissance et développement : la croissance, c’est l’augmentation des richesses, et c’est cette augmentation qui va permettre le développement (amélioration des conditions de vie). La croissance est un phénomène quantitatif, le développement est un phénomène qualitatif. La croissance permet le développement si et seulement si les richesses sont utilisées à cet effet. Certains pays connaissent une forte croissance, mais un faible développement.

Définition :
Croissance économique soutenable : croissance économique qui n’empêche pas les générations futurs de satisfaire leurs besoins en préservant l’environnement et en n’épuisant pas toutes les ressources
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Si la croissance économique se heurte à des limites écologiques, les innovations, appelées «innovations vertes», peuvent-elles aider à reculer ces limites ?

Quelques exemples d'innovations vertes :


image weenA l’heure où les objets connectés ont la côte, la start-up Ween basée à Aix-en-Provence propose d’allier nouvelle technologie et économie d’énergie. En effet, le thermostat conçu par Ween règle la température du lieu en localisant le téléphone portable de ses utilisateurs "pour réagir automatiquement aux allées et venues", explique la société, créée en 2014.
Ainsi, le thermostat n’a pas besoin d'être programmé ou d'étudier les habitudes des habitants.  L'objet, en forme de goutte d'eau, "intègre aussi la détection de présence et l'apprentissage des horaires" pour pouvoir être utilisé même lorsque les occupants d'un pièce "n'ont pas de  smartphone", précise-t-elle.

france3-regions, 2020.


photos de pollution à ParisDans le cadre de son plan Climat, la Mairie de Paris a lancé en 2015 un appel d’offres pour chauffer une partie des bassins de la capitale à partir de chaleur fatale issue des serveurs informatiques. Depuis mai 2017, la piscine de la Butte-aux-Cailles (Paris) est en partie chauffée grâce aux chaudières numériques de Stimergy.
Créée en 2013, Stimergy, une start-up grenobloise, a conçu un procédé permettant de recycler la chaleur fatale dissipée par les composants électroniques et autres alimentations électriques (sous l’effet Joule) pour préchauffer de l’eau. Ainsi, 100 % de l’électricité qui entre dans la chaudière est utilisée. La majorité des électrons servent à réaliser des traitements informatiques.
Proche de la logique de l’économie circulaire, cette innovation permet au territoire parisien de faire de réaliser d’importantes économies d’énergie et d’émission de gaz à effet de serre (45 t équivalent CO2 par an), mais elle évite également l’utilisation de climatisation énergivore pour refroidir les serveurs.

greenit.fr, Frédéric Bordage, 25 juillet 2017.


Le progrès technique et les innovations peuvent repousser les limites écologiques de la croissance économiques et la rendre plus soutenable
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Remarque : il faut qu’il y ait une réelle prise de conscience de la part des gouvernants et des acteurs économiques, chose qui semble être en progrès même si le rapport meadows («Les limites de la croissance») qui dénonce la non soutenabilité de la croissance date de 1974. Par exemple, on parle de «vague verte» (votes massifs pour le partie politique défendant l’écologie) pour les dernières élections municipales (juin 2020).

Les économies d'énergie permettent de réduire les émissions de CO2 et de préserver les ressources naturelles. Elles rendent ainsi la croissance économique plus soutenable.

Une start-up est une jeune entreprise créée autour d’une innovation. L’innovation de la start-up Ween permet aux ménages de réduire leur consommation d’énergie pour le chauffage de leur domicile. L’innovation de la start-up Stimergy consiste à utiliser la chaleur dégagée par les serveurs informatiques pour chauffer une piscine municipale : on parle de chaudière numérique.

Remarque : au-delà des économies d’énergie, les innovations peuvent servir à produire une énergie verte. Il s’agit par exemple d’utiliser des énergies renouvelables pour produire de l’électricité comme la géothermie (la chaleur du sol), la houle (les vagues), le vent (les éoliennes), le soleil (les panneaux solaires), etc. L’énergie solaire est une énergie inépuisable (au moins pendant quelques milliards d’années) disponible en quantité suffisante pour fournir la Terre entière, à partir du moment où les innovations nous permettent de l'exploiter de manière efficace.