Comment les firmes et l’État influencent-ils le commerce international ?


1 - pourquoi et comment agir sur la compétitivité d’un pays ?

Plus un pays vend à l’étranger, plus il doit produire, et donc plus sa croissance économique est importante. Ainsi plus un pays est compétitif, plus il s'enrichit : la compétitivité est donc un enjeu majeur pour une économie.

Qu'est-ce que la compétitivité, et comment l'améliorer ?

La compétitivité est l’attractivité des produits d’une économie pour les entreprises et consommateurs étrangers.

L’attractivité de ces produits peut être liée à leurs prix (ils sont moins chers) : il s’agit de la compétitivité – prix. Mais elle peut être liée à d’autres déterminants comme le design, la fiabilité, l’image de marque, l’innovation, etc. : il s’agit alors de la compétitivité hors-prix.


La compétitivité détermine la capacité d’un pays à exporter.

Définitions :
Compétitivité d’un pays : attractivité des produits de son économie pour les entreprises et consommateurs étrangers et qui détermine son aptitude à exporter.

Les trois principaux déterminants de la compétitivité prix sont :

- les coûts de productions
- les coûts de transports
- les taux de change


image taux de changeLe taux de change est le prix d'une monnaie exprimé dans une autre monnaie. Si, pour un pays, le taux de change s’apprécie, le prix des produits exportés augmente, et la compétitivité - prix se détériore. Si le taux de change se déprécie, le prix des produits exportés diminue et la compétitivité – prix s’améliore. Le taux de change peut être influencée par la banque centrale. Mais la Banque Centrale Européenne (BCE) est indépendante des Etats membres et ne s’occupe quasiment que du taux d’inflation (variation des prix).


image transport maritimeLes coûts de transports, et notamment celui du transport maritime, diminuent, du fait de l’utilisation massive de conteneurs, et de l’augmentation de la taille des porte-conteneurs qui permettent des économies d’échelle (diminution des coûts unitaires de production due à une augmentation des quantités produites (ici des quantités transportées)). D’autres raisons expliquant la réduction de ces coûts peuvent aussi être invoquer : la réduction des équipages, l’utilisation de nouvelles technologies pour décharger les bateaux, etc.


image productiviteLes coûts de production dépendent du coût des facteurs de production et de l’efficacité avec laquelle ceux-ci sont utilisés, c’est-à-dire de la productivité. Les coûts de production dépendent donc du coût du travail ( principalement : salaire + cotisation sociales), du coût du capital et de la productivité.


La productivité des firmes sous-tend donc la compétitivité d’un pays.

Définition :
Productivité : mesure l'efficacité des facteurs de production dans la production, désigne le rapport entre le volume de production obtenue et l’ensemble des facteurs de production utilisés à ces fins.

Ainsi, tout ce qui permet d’améliorer la productivité est susceptible d’améliorer la compétitivité. Le progrès technique, comme nous l’avons vu ultérieurement est le principal déterminant de la productivité. Mais il y a aussi le capital humain (par exemple les qualifications) et le capital public (notamment les infrastructures). Il ne faut pas oublier la manière dont on organise la production (relations avec les fournisseurs et prestataires) et l’organisation du travail (J. -A. Schumpeter parle d’innovations organisationnelles et d’innovations de procédé).


2 – comment les stratégies des firmes multinationales transforment-elles le commerce international ?

La fragmentation de la chaîne de valeur est un procédé utiliser par les firmes multinationales qui consiste à fragmenter la production d'un même produit, chaque partie étant fabriquée dans une partie du monde où la firme peut bénéficier d'avantages comparatifs.

On parle d’internationalisation de la chaîne de valeur car les tâches sont dispersées géographiquement et génèrent de la valeur ajoutée dans différents pays.

Par exemple l’iPhone (le smartphone d’apple) est conçu aux Etats-Unis. L’appareil photo de l’iPhone est fabriqué aux Etats-Unis, la mémoire DRAM (mémoire vive dynamique) est fabriqué au Japon, le processeur est fabriqué en Corée du Sud, etc. Tous les composants de l’iPhone voyagent jusqu’en Chine pour y être assemblés. L’iPhone est ensuite distribué à travers le monde pour y être vendu.


assemblage iphone

Remarque : l’épidémie du coronavirus a souligné une des fragilités de la fragmentation des chaînes de valeur. L’épidémie a conduit à des ruptures d’approvisionnement et a incité certaines firmes multinationales à limiter cette fragmentation, à raccourcir les chaînes de fabrication et à limiter leur dépendance envers un trop grand nombre de pays.

La production d’un bien ne se limite pas à l’assemblage de ses différentes composantes. Il y a des tâches situées en amont (avant) de cette assemblage et des tâches situées en aval (après).

En amont, il y a d’abord la recherche et développement (R&D) afin de mettre au point des innovations, puis on conçoit le produit (conception) en y intégrant les innovations. Il faut ensuite se procurer les composants fabriqués par d’autres et acheminer l’ensemble sur le site de production (logistique : achat).

La production correspond à l’assemblage du produit.

Puis il y a les tâches situées en aval : il faut distribuer le produit dans des points de vente (logistique), organiser les activités de marketing pour convaincre les consommateurs (publicité notamment) et les services associés (notamment le service après vente).

Chacune de ces tâches crée de la valeur ajoutée et des emplois. Mais la répartition de ses tâches évolue à travers le temps comme en atteste la courbe appelée courbe du sourire suivante :


courbe du sourire

Les activités de production ont été en grande partie délocalisées vers les pays en développement, alors que les pays développés ont conservés les activités de services comme la Recherche et développement, la conception, le marketing, etc. On parle de désindustrialisation des pays développés et de la tertiarisation de leurs économies.

Dans le même temps, la répartition de la valeur ajoutée le long de la chaîne de valeur se déforme en faveur des activités de services et en défaveur de la production. Pour rappel, la valeur ajoutée est la mesure de la richesse dégagée par les différentes activités de production. Les pays développés conservent donc les activités de services qui dégagent de plus en plus de valeur ajoutée et délèguent les activités d’assemblage qui dégagent elles, de moins en moins de valeur ajoutée. La déformation de la courbe se fait donc en faveur des pays développés.

Attention : cela ne veut pas dire que les pays en développement ne profite pas des avantages du commerce international comme en atteste la réussite de la Chine, mais cela vient nuancer l’idée selon laquelle la désindustrialisation des pays développés entraîne leur appauvrissement.