Quelles sont les causes du chômage ?

1 – des causes conjoncturelles :

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Même un individu qui est en bonne santé, connaît des phases où il est en pleine forme, et d'autres où il se sent moins bien. En économie, on retrouve un peu ces mêmes phases.





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Phase d'expansion : "tout va bien", les entreprises produisent de plus en plus (le PIB augmente donc de plus en plus vite) et pour cela elles embauchent de plus en plus. Le chômage conjoncturel diminue.

Crise économique : il s'agit du moment de retournement de l'activité économique. Il s'agit d'une dégradation brutale de la situation économique et des perspectives économiques. Il s'ensuit une phase de contraction de l'activité économique.

Phase de contraction : "l'économie va mal", les entreprises produisent moins, certaines font faillites. Il peut s'agir d'une récession c'est-à-dire d'un ralentissement économique (le PIB augmente moins vite et / ou très peu) ou d'une légère diminution du PIB. Il peut s'agir d'une dépression : le PIB diminue fortement. Durant cette phase, le chômage conjoncturel augmente.

Définition :
Chômage conjoncturel : partie du chômage du à un ralentissement temporaire de l’activité économique.

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Ainsi le taux de chômage en France atteint un niveau élevé dans les années 1980. Il fluctue depuis, en fonction de la conjoncture économique (chômage conjoncturel) mais reste à un niveau élevé (au dessus de 7%) à cause du chômage structurel.

2 – des causes structurelles :

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Le marché est un lieu (fictif ou réel) où se rencontre une offre et une demande en vue de réaliser un échange à un prix donné.

Sur le marché du travail, c'est le travail qui est échangé à un prix donné : le salaire.

Il y a d’un côté les offreurs (vendeurs) qui souhaitent vendre leur travail à un prix donné (le salaire) : il s’agit des individus (des ménages). Ils effectuent un arbitrage entre le travail et les loisirs en fonction du niveau de salaire réel. Plus le salaire réel est élevé plus ils préféreront consacrer du temps au travail. Inversement, plus le salaire est bas, plus ils consacreront de temps aux loisirs. La courbe d’offre est donc croissante : plus le salaire est élevé, plus les ménages offrent leur travail.

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Attention à la confusion : ils offrent leur travail, alors qu’ils demandent un emploi
.


Il y a de l’autre côté les demandeurs (les acheteurs) qui ont besoin d’acheter du travail pour pouvoir produire : il s’agit des entreprises. Elles choisissent leur combinaison productive en fonction du coût des facteurs de production. Elles cherchent à maximiser leur profit en minimisant leurs coûts de production. Ainsi, plus le salaire est bas, plus elles chercheront à embaucher et inversement. La courbe de demande est donc décroissante : plus le salaire est élevé, moins les entreprises embaucheront.

Le salaire est donc le prix du travail. Le salaire réel est le prix du travail qui tient compte du pouvoir d’achat. Ainsi, si le salaire nominal double et que les prix doublent en même temps, le salaire réel, lui, reste le même. Le salaire réel augmente seulement si le salaire nominal augmente plus vite que les prix : il y a alors une augmentation du pouvoir d’achat.

Le salaire réel d’équilibre noté salaire réel* est le salaire réel pour lequel il y a autant d’individus qui souhaitent travailler (offre) que d’entreprises qui souhaitent embaucher (demande) : à ce niveau de salaire l’offre est égale à la demande : c’est ce que l’on appelle le plein emploi.

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Lorsque le salaire réel est au dessus du salaire d'équilibre, la demande de travail qui émane des entreprise est inférieure à l'offre de travail qui provient des ménages. Certains individus ne trouvent pas d'emploi, c'est ce qui explique le chômage structurel.

Toutefois, les individus qui désirent un emploi vont proposer un salaire moins élevé : le salaire réel effectif aura donc tendance à baisser et à se rapprocher du salaire réel d'équilibre : il s'agit de la loi de l'offre et de la demande. En résumé, pour les néoclassiques, il ne devrait pas exister de chômage tant qu'il y a ajustement entre l'offre et la demande.

On appelle rigidité du marché tout ce qui va empêcher ou freiner cette ajustement.

Définition :
Chômage structurel : est la partie du chômage liée à une inadéquation durable entre l'offre et la demande sur le marché du travail. C'est la structure de l'économie qui en est la cause et non la conjoncture économique
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3 – quelles sont les rigidités du marché du travail ?

Le salaire minimum (SMIC en France) empêche le salaire réel effectif de diminuer. On dit qu'il rend rigide à la baisse le salaire réel effectif et est responsable du chômage structurel.

Le code du travail cherche à protéger les salariés placés en situation de vulnérabilité (car ils sont dépendants de leurs salaires) contre les licenciements. Ce faisant, il oblige les entreprises à respecter un préavis (un délai) et à verser des indemnités lorsqu’elles licencient (sauf en cas de faute lourde). Par peur du coût du licenciement, certaines entreprises préféreront ne pas embaucher : ce qui favorise l’augmentation du chômage.

Les délais d'apariement peuvent créer des frictions sur le marché du travail. Ils n'empêchent pas l'ajustement entre l'offre et la demande, mais celui-ci prendra plus de temps.

Les délais d’appariement peuvent s’expliquer par des inadéquations spatiales : les chômeurs n’habitant pas dans les régions où il y a des emplois vacants, il leur faut du temps pour qu’ils déménagent.

Les délais d’appariements peuvent s’expliquer par des inadéquations de qualifications : les chômeurs n’ayant pas les qualifications nécessaires aux emplois vacants, il leur faut du temps pour se former.

Définition :
Chômage frictionnel : partie du chômage structurel qui s’explique par le délai nécessaire à un chômeur pour occuper un nouvel emploi
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Les asymétries d'information obligent les entreprises à fixer un salaire effectif réel supérieur au salaire d'équilibre, ce qui provoque du chômage structurel.

Définition :
Asymétries d’information : lorsque lors d’un échange, l’une des parties dispose de plus d’informations que l’autre
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L’employeur ne sait pas si le salarié est productif et donc s’il mérite le salaire qu’il lui propose. Pour ne pas prendre de risque, il préférera baisser le salaire proposé. Mais s’il baisse le salaire proposé, les salariés les plus productifs ne postuleront plus et l’employeur n'aura plus d'autres choix que d'embaucher un salarié peu productif. C’est le phénomène de sélection adverse ou antisélection.

Le salarié sait, lorsqu’il demande un emploi, s’il est travailleur ou pas. L’employeur, lui, ne le sait pas : il se fit à ses impressions. Le salarié peut se présenter comme travailleur et sérieux lors de l’embauche, puis après signature du contrat, se montrer fainéant  : on parle alors d’aléa moral ou de risque moral.

En proposant un salaire élevé lors de l'embauche, les entreprises évitent que les salariés les plus productifs ne se retirent du marché (elles évitent le phénomène d'antisélection). Elles évitent aussi l'aléa moral : le salarié a plus à perdre s’il est licencié et évitera donc de se comporter comme un fainéant.

De plus, en proposant un salaire élevé, le salarié est plus motivé et donc plus productif. On parle alors de salaire d'efficience.

Définition :
Salaire d’efficience : théorie selon laquelle les entreprises qui cherchent à rendre leurs salariés plus productifs fixent un niveau de salaire supérieur au salaire d’équilibre, ce qui explique en partie le chômage structurel
.

4 – les effets positifs des institutions

Les effets du salaire minimum ne sont pas si évident que celà. D'un côté, on l'accuse de provoquer du chômage structurel. Mais il sert à lutter contre la pauvreté.

De plus, maintenir les salaires à un niveau élevé (au delà du salaire minimum) permet de maintenir la demande et donc l’activité économique et la création d’emplois (baisse du chômage).

Maintenir les salaires à un niveau élevé rend plus productifs les salariés et favorise donc la croissance économique et la créations d’emplois (baisse du chômage).

De même le code du travail permet une protection du salarié. Cette protection peut favoriser sa productivité et ainsi la croissance économique et la création d’emploi (diminution du chômage).

Elle oblige les entreprises à garder leurs salariés, ce qui empêche le chômage d’augmenter. Comme les entreprises gardent leurs salariés, elles peuvent investir dans ces derniers (formation), ce qui les rend plus productifs encore, et favorise la diminution du chômage.

5 – conclusion :

Les institutions (Etats, syndicats de salariés, etc.), en cherchant à protéger les salariés, créent des rigidités sur le marché du travail, empêchant l’ajustement entre l’offre et la demande de travail et causant ainsi du chômage structurel. Toutefois, la protection des salariés les protège contre le chômage (maintien de l’emploi) et permet de maintenir leur demande et de favoriser leur productivité, des effets favorables à la diminution du chômage par ailleurs.