Comment lutter contre le chômage ?

1 – les politiques macroéconomiques de soutien de la demande globale :

Définition :
La demande globale : demande qui émane de l'ensemble des agents économiques (ménages, entreprises, administration et reste du monde)
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La hausse de la demande globale entraîne une hausse de l’offre pour répondre à cette demande. Les entreprises vont donc produire davantage et pour cela embaucher. La hausse de la demande globale fait donc diminuer le chômage conjoncturel.

Quelles sont les politiques permettant de faire augmenter la demande globale ?


* la politique monétaire expansionniste :

La politique monétaire est conduite par la banque centrale. Elle peut être expansionniste (baisse du taux d’intérêt directeur) ou restrictive (hausse du taux d’intérêt directeur).

Lorsqu’elle conduit une politique monétaire expansionniste, la banque centrale abaisse son taux directeur. Ce qui a pour effet de faire baisser le taux d’intérêt auxquelles prêtent les banques commerciales (crédit agricole, société générale, etc.). Le coût du crédit devient donc moins élevé pour les ménages et les entreprises.

Le coût étant moins élevé, les entreprises ont davantage recours au crédit pour financer leurs investissements. L’augmentation de la demande en bien d’équipement fait augmenter la demande globale.

Les ménages ont davantage recours au crédit pour financer leur consommation. L’augmentation de la demande en bien de consommation fait augmenter la demande globale.


* politique de relance budgétaire :

La politique de relance budgétaire consiste à utiliser le budget de l’État pour relancer l’activité économique en période de ralentissement ou de crise, en relançant ou en soutenant la demande globale.

L’État peut réduire ses recettes (impôts sur les entreprises et / ou sur les ménages), ce qui peut inciter les entreprises à investir et les ménages à consommer.

L’État peut augmenter ses dépenses (aides aux entreprises, augmentation des minimas sociaux, investissement public, augmentation du traitement des fonctionnaires). Ce qui peut, encore une fois, inciter les entreprises à investir et les ménages à consommer.

Remarque : l’État diminue ses recettes et / ou augmente ses dépenses au moment où ses recettes diminuent déjà (du fait de la crise). Il applique ainsi une politique contra-cyclique ("qui va à contre-sens"). Ceci a pour conséquence de creuser son déficit (endettement sur une année) et donc sa dette. Mais si la politique de relance est un succès, les recettes supplémentaires dégagées par la croissance économique pourront venir effacer son déficit.


Conclusion : d’inspiration keynésienne, les politiques macroéconomiques de soutien de la demande globale sont des politiques de relance de l’activité économique en période de ralentissement économique ou de crise. Elles ont pour effet de réduire le chômage conjoncturel, mais sont quasiment sans effet sur le chômage structurel
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2 – les politiques d’allégement du coût du travail :

Le coût du travail est ce que l’employeur doit payer pour l’emploi d’un salarié : il s’agit de son salaire net et des cotisations sociales (patronales et salariales).

Définition :
Coût du travail : ensemble des dépenses que paie l’employeur pour l’emploi d’un salarié : salaire net et cotisations sociales
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* comment l’État peut-il diminuer le coût du travail ?

Pour diminuer le coût du travail, l’État peut réduire les cotisations sociales. Mais cela pose un problème de financement de la protection sociale (santé, vieillesse, accidents de travail, famille, perte d’emploi).

L’État peut aussi influencer le niveau des salaires ou en tous cas freiner sa progression. Il peut en effet ne pas augmenter le SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance) et geler le salaire des fonctionnaires. En effet, les entreprises doivent maintenir un salaire plus attractif que dans la fonction publique pour pouvoir recruter des salariés compétents. Or si les salaires de la fonction publique n’augmente pas, le salaire que propose les entreprises n’a pas besoin d’augmenter. Si les salaires augmentent moins vite que les prix, le salaire réel diminue (les salariés perdent du pouvoir d’achat).


* comment la baisse du coût du travail fait-elle diminuer le chômage ?

La baisse du coût du travail peut être due à une baisse des salaires. Les salaires se rapprochent donc du salaire d'équilibre, ce qui implique une diminution du chômage structurel.


* qu'est-ce que l'effet substitution ?

Pour produire les entreprises utilisent du capital et du travail. Leurs combinaisons productives se déterminent en fonction du coût des facteurs de production.

Si le coût du travail est trop élevé, les entreprises substituent du capital au travail ("elles remplacent des hommes par des machines"). Si le coût du travail diminue, elles substituent du travail au capital (elles utilisent des hommes plutôt que des machines). Pour celà, elles devront embaucher. Et dans ce cas là, le chômage pourra diminuer.


* en quoi la baisse du coût du travail peut-elle faire augmenter la demande globale ?

La baisse du coût du travail permet aux entreprises de gagner en compétitivité (compétitivité prix) : la demande extérieure (du reste du monde) augmente et ainsi les exportations augmentent.

La baisse du coût du travail permet aux entreprises de baisser leurs coûts de production et donc leurs prix. La baisse des prix fait augmenter la demande des ménages en bien de consommation et celle des entreprises en biens d’équipement.

La baisse du coût du travail permet aux entreprises de dégager plus de profits qu’elles pourront utiliser pour investir : leur demande en biens d’équipements augmente.

Pour rappel, la hausse de la demande globale entraîne une hausse de l’offre pour répondre à cette demande. Les entreprises vont donc produire davantage et pour cela embaucher. La hausse de la demande globale fait donc diminuer le chômage conjoncturel.


* quelles sont les limites de cette politique ?

Si la baisse du coût du travail est due à une baisse des salaires, il est plus probable qu’il y ait une contraction de la demande intérieure due à une diminution de la consommation comme en Allemagne jusqu’en 2015 (politique de compression de la demande intérieure dans le but d’améliorer la compétitivité prix). Elle risque d’entraîner une augmentation de la pauvreté.

La baisse du coût du travail peut avoir pour origine une baisse des cotisations sociales. Les cotisations sociales servent à financer la protection sociale. Si elles diminuent, il y a une diminution des recettes qu’il faut compenser avec d’autres prélèvements obligatoires (impôts, taxes, etc.) et / ou il faut diminuer les dépenses (diminution des pensions de retraite, des dépenses de santé, des allocations familiales, etc.) et / ou il faut augmenter l’endettement de la sécurité sociale et de pole emploi.

Remarque : la création de nouveaux emplois permet aussi d’obtenir plus de cotisations sociales (plus de recettes) et de générer moins de dépenses (diminution des allocations chômages) qui peuvent venir en partie ré-équilibrer les comptes de la sécurité sociale et de pole emploi.

Enfin la politique d’allègement du coût du travail sur les bas salaires risque de créer un effet d’aubaine : elle incite les entreprise à ne pas augmenter les salaires pour ne pas avoir à payer des cotisations sociales employeurs plus élevées.

3 – les politiques de flexibilisation du marché du travail

Définition :
Flexibilisation du marché du travail : ensemble des mesure ayant pour objectif de lutter contre les rigidités du marché du travail afin de favoriser l’ajustement entre l’offre et la demande de travail et de garantir le plein-emploi
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On distingue différents types de flexibilité du marché du travail :

tableau différent type de flexibilité

image panneau attentionRendre le marché du travail plus flexible consiste à s’attaquer aux règles qui protègent le salarié et à moins garantir la sécurité de son emploi : risque accrue de licenciement, baisse de ses indemnités en cas de licenciement, précarité de son emploi, obligation de s’adapter aux horaires de l’entreprise, obligation de se ré-adapter à de nouveaux postes de travail, etc.

Il est possible en partie de conjuguer la flexibilité avec la sécurité comme l’a fait le Danemark : c’est ce que l’on appelle la flexisécurité.

D’un côté l’État du Danemark permet aux entreprises d’embaucher et de licencier facilement et à un coût peu élevé : c’est la flexibilité.

Mais les prélèvements obligatoires restent élevés. Ainsi l’État peut garantir un niveau élevé d’indemnités chômage et tout un dispositif favorisant le retour à l’emploi (aide à la recherche, formations, etc.) : c’est la sécurité.

4 – les politiques de formation :

Définition :
Formation : processus d'apprentissage qui permet à un salarié ou un demandeur d'emploi d'acquérir les savoirs nécessaires à l'exercice d'un métier ou d'une activité professionnelle
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La formation initiale a lieu à l’école. Elle accroît la qualification des individus. Elle leur permet d’obtenir un diplôme. Plus le niveau du diplôme est élevé, plus le taux de chômage est faible.

Par exemple, en France, en 2018, le taux de chômage de la population est de 9 %. Il est de presque 10 % pour les moins diplômés (CAP – BEP). Il est de seulement 5,4 % pour les titulaires d’un diplôme à bac + 2, soit presque moitié moins.

image panneau attentionLe taux de chômage est moins élevé chez les plus diplômés car les entreprises les recrutent davantage. Mais la formation réduit bien le chômage par les mécanismes que nous allons détailler maintenant.


* en quoi la formation permet-elle de réduire le chômage ?

La formation rend les actifs plus productifs. Ce qui favorise la croissance économique et la diminution du chômage.

La formation favorise l’appariement entre l’offre et la demande de travail : elle permet donc la diminution du chômage structurel.

De plus, dans un contexte de mondialisation et de progrès technique, le nombre d’emplois peu qualifiés baisse et la demande de qualification augmente. La formation permet donc de fournir des salariés conformes aux attentes des entreprises. Elles n'ont plus qu'à les embaucher, c'est en cela que le chômage diminue.

Enfin, la formation rend les individus plus polyvalents, davantage capables de s’adapter aux exigences changeantes des entreprises en termes de compétences, et de se reconvertir.