Rappel définition :Monopole : est une situation de marché dans laquelle un offreur unique d’un bien homogène est en présence d’une infinité de demandeurs.
Un monopole naturel est un monopole qui émerge sur le marché d’un bien ou d’un service pour lequel le coût de production est exorbitant et où il faut l’amortir sur un grand nombre d’unités vendues : télécommunication, réseau ferré, moteur de recherche, etc.
En présence de coûts fixes importants, la production de ce bien ou de ce service par plusieurs entreprises est plus coûteuse que la production par une seule entreprise : on parle aussi d’économies d’échelle.
Le marché peut être concurrentiel au début, mais il est très vite suivi par des faillites d’entreprises et des mouvements de concentration (fusions / acquisitions) jusqu’au moment où il ne reste plus qu’une seule entreprise en situation de monopole.
Un monopole peut également être un monopole institutionnel (ou monopole légal), institué par l’État qui a concédé à une entreprise le monopole de la production ou de la distribution d’un bien ou d’un service.
La SNCF est à la fois un monopole naturel mais aussi un monopole institutionnel (ou monopole légal), car, jusqu’en 2019, ce sont les pouvoirs publics qui organisent le transport ferroviaire (entreprise publique) et qui interdisent toute forme de concurrence.
Un monopole peut également être un monopole d’innovation. L’entreprise dépose au préalable un brevet. Il s’agit d’un acte officiel de propriété industrielle qui accorde un monopole d'exploitation au demandeur sur son invention sur le territoire français pour 20 ans au maximum. Il interdit donc à quiconque de copier l’innovation brevetée, sous peine de poursuites.
Le brevet a pour objectif d’inciter les acteurs économiques (individus, entreprises) à innover. En effet ces derniers se retrouvent temporairement en situation de monopole et peuvent fixer un prix élevé dans le but de réaliser des profits élevés.
Au bout de 20 ans, le brevet expire et l’innovation tombe dans le domaine public afin que les autres entreprises puissent exploiter gratuitement cette innovation et que les consommateurs puissent en profiter. De plus, l’entreprise qui a innové sera incitée à innover à nouveau.
Conclusion : on distingue globalement trois types de monopole : le monopole naturel, le monopole institutionnel (ou légal) et le monopole d’innovation.
Prenons un exemple chiffré : Adam est seul à vendre des sandwichs bios devant le lycée. S’il peut fixer seul, le prix auquel il désire vendre, il n’est pas sûr de pouvoir vendre tous ses produits au prix qu’il fixe. Il réalise ainsi une étude de marché (pour déterminer la demande en fonction du prix), ainsi qu’une étude de coût (pour déterminer le coût en fonction des unités produites), et dresse le tableau suivant :

Puis il remplit les cases manquantes :

Le détail des calculs pour la ligne encadrée est le suivant :
La recette totale :
RT = Q x P = 3 x 8 = 24
La recette marginale :
il s’agit de l’augmentation de la recette totale du producteur due à la vente d’une unité supplémentaire.
Rm(3) = RT(3) – RT(2) = 24 – 18 = 6
Remarque : à chaque fois que le monopoleur veut vendre une unité supplémentaire, il doit diminuer son prix (la condition d’atomicité du marché n’est plus remplie). Il gagne alors la vente d’une unité supplémentaire, mais perd un euro sur chaque unité vendue (puisque le prix diminue d’un euro). La recette marginale ne correspond donc plus au prix, et elle est inférieure à ce dernier.
Le coût marginal :
il s’agit de l’augmentation du coût total pour le producteur résultant de la production d’une unité supplémentaire.
Cm(3) = CT(3) – CT(2) = 20 – 17 = 3
Le profit :
le profit, ce que gagne le producteur, correspond à sa recette total moins son coût total :
Profit = RT – CT = 24 – 20 = 4
A partir du tableau, Adam trace la courbe de demande du bien et la courbe du coût marginal, avec le prix et le coût sur l’axe des ordonnés et les quantités sur l’axe des abscisses :

Le monopoleur produit jusqu’à ce que le coût marginal égalise le prix. Or, si le monopoleur est seul sur le marché, la courbe d’offre et la courbe de coût marginal se confondent. Par exemple, pour 5 unités produites, le coût marginal est de 5 ; pour 5 unités produites, le prix est aussi de 5. Donc pour un prix de 5, la quantité offerte est de 5.
Si le marché est totalement concurrentiel, le prix et la quantité d’équilibre se lisent à l’intersection des courbes d’offre et de demande :

Les surplus (les gains que procure la participation pour un consommateur et pour un producteur à un marché concurrentiel) se retrouvent aussi graphiquement :

Mais le marché n’est pas concurrentiel et le monopoleur dispose d’un pouvoir de marché : il est faiseur de prix (price maker), c’est-à-dire, qu’il fixe lui-même son prix.
Il cherche d’abord à fixer la quantité à produire, celle qui maximise son profit. Il va ainsi produire une unité supplémentaire tant qu’elle rapporte plus qu’elle ne coûte. La dernière unité qu’il produira est celle qui coûte autant que ce qu’elle rapporte : Cm = Rm. A ce niveau de production, le profit est maximal. Sur le tableau, on voit qu’il s’agit de la 4ème unité :

Ainsi le prix qu’il devra fixer, s’il veut vendre les 4 unités est de 7 euros.
On retrouve graphiquement la quantité à produire à l’intersection des courbes de recette marginale (Rm) et de coût marginal (Cm), après avoir tracer la courbe de recette marginale à partir des données du tableau :

Puis on trouve le prix que doit fixer le monopoleur s’il désire vendre toute sa production grâce à la courbe de demande :

On retrouve donc bien graphiquement, les données lues dans le tableau.
Il ne reste plus qu'à faire apparaître graphiquement les nouveaux surplus :

Le surplus du producteur est plus important qu’en situation d’équilibre. A contrario, celui du consommateur se trouve réduit. La somme des surplus est moins importante qu’en situation d’équilibre puisqu’une partie de la surface a disparu : c’est la perte sèche.
Conclusion : en situation de monopole, le producteur produit moins et vend à un prix plus élevé qu’en situation de concurrence pure et parfaite. Les gains réalisés par les deux acteurs (producteur et consommateur) sont moins élevés : on dit que la situation est sous-optimal. L’équilibre de monopole n’est donc pas efficace.
Remarque : un monopole qui remplit une mission de service public peut décider de ne pas maximiser son profit et vendre à un prix proche ou égal au prix d’équilibre.