Pourquoi le marché est-il défaillant en présence d’externalités, de biens communs et de biens collectifs ?


1 – pourquoi le marché est-il défaillant en présence d’externalités ?


Définition :
Externalité (ou effet externe) : est une conséquence (positive ou négative) d’une activité économique qui n’est pas prise en compte par le marché
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L’externalité est une défaillance du marché puisqu’elle n’est pas prise en compte par ce dernier.

On distingue deux types d’externalité :

L’externalité positive : par exemple un équipement de transport en périphérie d’une ville (métro). Ce dernier permet en effet de développer l’activité économique le long de la ligne sans que les entreprises qui en bénéficient n’aient à payer pour cela.

L’externalité négative : par exemple la pollution : les pollueurs peuvent rejeter leurs polluants dans l’atmosphère ou dans la nature sans avoir à payer pour cela, le coût étant supporter le cas échéant par la collectivité (coûts des stations d’épuration de l’eau par exemple).

Corriger cette défaillance de marché nécessite l’intervention des pouvoirs publics (Région, Etat, Union Européenne, etc.) qui devront réglementer les activités ou internaliser les effets externes.

image réduction vitesse


Par exemple dans le cas de la pollution, les pouvoirs publics peuvent réglementer en interdisant de polluer, en fixant des quotas de pollution, en réduisant le nombre de véhicules en circulation (plaques paires ou plaques impaires, vignette «crit air», interdiction aux véhicules diesels), en réduisant la vitesse des véhicules, etc.


Les pouvoirs publics peuvent internaliser les effets externes en les internalisant par une taxe (comme la taxe carbone ou la taxe intérieure de consommation des produits énergétiques, soit la TICPE) ou par un marché (comme le marché du carbone dans l’UE depuis 2005 : les entreprises achètent des droits à polluer qui deviennent de plus en plus chers, ce qui les incitent à réduire leurs pollution pour avoir moins de droits à acheter et pour pouvoir revendre les droits dont elles peuvent se passer).

Dans les deux cas, il s’agit du principe pollueur – payeur.

Conclusion : les externalités sont des effets qui échappent à la régulation par le marché (le marché est défaillant). Ainsi le marché peut favoriser des échanges de biens qui polluent (lors de leur production et/ou de leur utilisation) et qui nuisent au bien-être des agents économiques (véhicules, mobilier, agriculture, plastique, etc.).


2 – pourquoi le marché est-il défaillant en présence de biens communs et de biens collectifs ?


Un paquet de chips est un bien privé ou bien marchand car il est rival (ma consommation réduit la consommation d’un autre agent) et exclusif (je ne peux pas le consommer si je ne le paye pas).

Une route est un bien collectif car elle est non rivale (ma consommation ne réduit pas celle d’autres agents sauf en de rares exceptions comme dans le cas des embouteillages) et non exclusif (je ne paye pas directement son utilisation sauf dans le cas des autoroutes).

L’océan est un bien commun car il est rivale (son exploitation, la pêche par exemple, réduit la consommation d’autres agents : ils auront moins de poisson à pêcher) mais il est non exclusif (je ne paye pas pour son exploitation).


* pourquoi le marché conduit à une sous-production des biens collectifs ?

image eclairage public
Pour l’éclairage public, dans le cadre d’un échange marchand (usage du marché), il faudrait éteindre l’éclairage lorsque qu’un agent refuse de s’acquitter du prix (exclusion par le prix). Or cela s’avère très compliqué (voire impossible) à mettre en place et on ne peut pas exclure le comportement de passager clandestin (non rivalité) : des agents profitant de l’éclairage public alors qu’un seul agent a payé pour le service. Si une entreprise ne peut faire payer les consommateurs, elle n’a donc pas d’intérêt à produire le service.

Sans l’intervention des pouvoirs publics (qui se substituent au marché et qui assurent le financement de ce service par l’impôt), il pourrait difficilement y avoir de l’éclairage public.

Définition :
Bien collectif : bien qui obéit au principe de non rivalité (sa consommation par un agent ne réduit pas la consommation des autres) et de non exclusion par les prix (on peut difficilement empêcher ceux qui n’ont pas payer de le consommer)
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* pourquoi le marché conduit à une sur-exploitation des biens communs ?

image eclairage public
Dans le cadre d’un échange marchand, l’offre répond à la demande. Or si la demande de poisson est importante et que le prix ne reflète que les coûts liés à la pêche, et non ceux liés à la surexploitation (c’est le cas parce qu’il s’agit d’un bien commun), il devient alors avantageux (à court terme) pour les producteurs de surexploiter cette ressource. On parle de tragédie des communs. Ce bien est en effet non exclusif (les pêcheurs ne paient pas en fonction du poisson qu’ils pêchent) mais rival (l’exploitation par certains pêcheurs réduit l’exploitation par d’autres pêcheurs).


Aujourd’hui plus de 30 % des espèces pêchées sont surexploitées (elles n’ont pas le temps de se reproduire et ont tendance à disparaître).

Les pouvoirs publics doivent donc intervenir en fixant des quotas de pêche afin de limiter le nombre de poissons pêchés et de laisser le temps à ces derniers de se reproduire.


Définition :
Bien commun : bien qui obéit au principe de rivalité (sa consommation par un agent réduit ou dégrade la consommation des autres) et de non exclusion par les prix (on peut difficilement empêcher ceux qui n’ont pas payer de le consommer)
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Conclusion : le marché est défaillant en présence de biens collectifs et de biens communs : il conduit à une sous-production de biens collectifs et à une surexploitation des biens communs.
Les pouvoirs publics doivent donc se substituer au marché pour favoriser la production de biens collectifs et doivent réglementer l’exploitation des biens communs afin de ne pas aboutir à une surexploitation de ces derniers (interdiction, quotas, etc.)
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