Une asymétrie d’information, c’est lorsque, dans le cadre d’un échange, l’offreur ou le demandeur dispose d’informations que l’autre agent n’a pas.
Par exemple, les vendeurs (Samsung et Apple) savent que leurs produits se dégradent dans le temps puisqu’ils sont «programmés» pour ça (obsolescence programmé) alors que les acheteurs (les consommateurs) ne le savent pas. En effet, ces derniers ne seraient peut-être pas prêts à payer aussi cher des produits dont la durée de vie est aussi courte.
Définition :Asymétrie d’information : il y a asymétrie d’information lorsque, dans le cadre d’un échange, un agent économique détient plus d’informations qu’un autre.
* qu'est-ce que la sélection adverse ?
Sur le marché de la voiture d’occasion, nous sommes en présence d’asymétrie d’information : seuls les vendeurs (offreurs) sont en mesure d’estimer la qualité des véhicules qu’ils vendent. Les acheteurs, conscients que les véhicules qu’ils souhaitent acheter présentent des risques de défauts cachés, préfèrent acheter seulement les véhicules les moins chers. Mais à ce prix, les vendeurs de véhicules de bonne qualité préfèrent se retirer du marché et il ne reste que des véhicules de mauvaise qualité : c’est le phénomène de sélection adverse ou d’anti-sélection.
Définition :sélection adverse (anti-sélection) : il y a sélection adverse sur un marché lorsque l’asymétrie d’information conduit à éliminer les produits de meilleure qualité.
* comment lutter contre la sélection adverse ?
Pour lutter contre la sélection adverse, les acheteurs doivent disposer de garanties.
Par exemple, la loi permet à l’acheteur de disposer d’une garantie de conformité. Elle permet à l’acheteur de se faire rembourser ou remplacer le produit non-conforme ou défaillant.
La loi permet aussi à l'acheteur de disposer d'une garantie pour vice caché. Un vice caché est un défaut qui rend le produit acheté impropre à l'usage auquel l’acheteur le destine, ou qui diminue tellement cet usage que l’acheteur ne l'aurait pas acquis, ou l’aurait acheter à un moindre prix. La garantie légale des vices cachés permet à l’acheteur d'obtenir un remboursement total ou partiel de son achat et une indemnisation en cas de dommage.
Enfin la garantie commerciale ou contractuelle est un contrat qui est proposé à l’acheteur par le vendeur ou le fabriquant d'un produit au moment de son achat. Elle peut prendre différents noms : garanties constructeur, extension de garantie, garantie pièce et main d’oeuvre, etc.
Les produits labellisés sont des produits plus chers que le consommateur est prêt à acheter car le label garantie la qualité (label bio, commerce équitable, label rouge, etc.). Il résout en partie le problème d’asymétrie d’information. Toutefois, tous les labels n’ont pas la même valeur.
Les pouvoirs publics peuvent aussi intervenir pour contrôler et sanctionner les vendeurs en cas de fraude. C'est le rôle de la Direction général de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Par son intervention, ce sont les produits de mauvaise qualité qui sont exclus du marché. Cela renforce la confiance du consommateur envers le produit qu’il est prêt à payer plus cher du fait de sa qualité.
Enfin les pouvoirs publics peuvent, par la réglementation, rendre plus visible l’information pour l’acheteur : affichage des prix au kilo ou au litre, provenance des produits, nutriscore, composition des produits (ingrédients), date limite de consommation, contrôle technique, etc.
L'aléa moral est une autre conséquence de l'asymétrie d'information.
Dans le cadre d’une assurance, seul le demandeur (l’assuré) sait comment il va se comporter après avoir signé le contrat d’assurance. Or c’est à partir de ce comportement, que l’offreur (l’assurance) doit estimer son prix : plus le comportement est risqué, plus la prime d’assurance doit être élevée. Or après signature du contrat, l’individu se sachant assuré peut changer son comportement et prendre plus de risque : il conduit moins prudemment, il oublie de fermer la porte de sa maison, il se gare dans des lieux où le risque de vol ou de dégradation est élevé, etc. Il s’agit de l’aléa moral (ou risque moral).
Définition :Aléa moral : il y a aléa moral lorsque, après la signature d’un contrat, l’une des deux parties est en mesure de léser l’autre en raison de l’asymétrie d’information qui existe entre elles.
* comment lutter contre l'aléa moral ?
Pour réduire le risque moral, il faut prévoir dans le contrat des mécanismes de surveillance et / ou d’incitation.
Par exemple le bonus-malus en matière d’assurance automobile incite l’automobiliste à avoir un comportement plus prudent : lorsqu’un automobiliste n’a pas d’accident (dont il est responsable) pendant une certaine durée, il bénéficie d’un bonus, c’est-à-dire d’une ristourne sur sa prime d’assurance (pouvant aller jusqu’à la moitié de la prime). Il perd son bonus dès qu’il est responsable d’un accident.
La franchise est aussi un mécanisme qui a pour objectif de pousser les assurés à être plus prudent : lorsqu’un assuré a un accident, l’assurance prend bien en charge les dommages, mais pas entièrement. Une partie reste à la charge de l’assuré : c’est la franchise.
L’assurance chômage joue sur le principe de surveillance : elle contrôle que l’assuré effectue bien des démarches de recherche d’emploi et le sanctionne dans le cas contraire (le chômeur peut se faire radier de pole-emploi, et il ne touchera pas d’indemnités chômage même s’il y a droit).
Pour l’assurance maladie, certains médicaments ne sont pas remboursés, et une (légère) partie reste à la charge de l’assuré. Il en est de même pour les consultations chez le médecin, une (légère) partie reste à la charge de l’assuré. En cas d’arrêt maladie, l’assuré touche des indemnités mais seulement à partir du 4ème jour : il s’agit du délai de carence.
Conclusion : les deux principales formes d’information asymétrique sont la sélection adverse (par exemple le marché de la voiture d’occasion) et l’aléa moral (par exemple le marché de l’assurance). Ces défaillances du marché rendent l’intervention des pouvoirs publics nécessaire.