Les trois catégories dont la part dans la population active diminue sont les artisans, commerçants et chefs d’entreprises, les agriculteurs exploitants et les ouvriers. La diminution des indépendants (agriculteurs exploitants et artisans, commerçants et chefs d’entreprises) témoigne d’une tendance de long terme (depuis les années 1930): les individus travaillent de moins en moins à leur compte et de plus en plus pour un employeur (entreprise, Etat, autres organisations) : on parle de salarisation. La diminution des indépendants s’explique par la mécanisation et les mouvements de concentration des entreprises (la taille des entreprises augmente et leur nombre diminue).
A nuancer : un renouveau depuis 15 ans (https://www.insee.fr/fr/statistiques/4199203) : selon l’Insee, depuis le milieu des années 2000, l’emploi indépendant progresse, ce qui rompt avec la tendance des décennies antérieures. Cette croissance repose essentiellement sur le développement du tertiaire, sous l’effet de l’extension des services et des professions de santé. Représentant seulement 12% de la population active, les indépendants demeurent néanmoins minoritaires.
La diminution du nombre des ouvriers s’explique par la désindustrialisation (diminution du secteur secondaire) : on produit soit de manière plus efficace (hausse de la productivité), donc avec moins d’ouvriers, soit à l’étranger où le coût de la main d’oeuvre est moins élevé.
Les trois catégories dont la part dans la population active augmente sont les cadres et professions intellectuelles supérieures, les professions intermédiaires et dans une moindre mesure les employés. Elles profitent toutes les trois de l’essor des activités de services : on parle de tertiarisation de l’économie. La part des cadres et professions intellectuelles augmente plus fortement que celle des employés car elle profite d’un deuxième phénomène : l’élévation du niveau de qualification.
Remarque : ce n’est pas parce que les individus font des études de plus en plus longues que l’on a besoin de plus en plus de cadres. On a besoin de plus en plus de cadres car la taille des entreprises a augmenté (mouvement de concentration) : on a besoin de plus en plus de personnel qui encadre; et que le progrès technique s’est diffusé (augmentation de la qualification exigée par les entreprise). Et comme on a besoin de plus en plus de cadres, les individus font des études de plus en plus longues (allongement de la scolarité), mais il s’agit d’une conséquence et non d’une cause.
Entre 1960 et 2017, en France, l’emploi des hommes augmente de 500 000 hommes supplémentaires, alors que l’emploi des femmes augmente de 5 900 000 femmes supplémentaires d’après l’Insee. L’emploi des femmes double quasiment (augmentation de 86,76%) alors que l’emploi des hommes est proche de la stagnation (augmentation de 3,85%). Il y a donc une féminisation de l’emploi depuis les années 1950.
En pleine période des Trente Glorieuses (1960), l’activité économique est forte et la France a un fort besoin de main d’oeuvre : elle a donc recours à l’immigration et aux femmes. Dans la même période des mouvements féministes réclament et obtiennent des droits pour les femmes, notamment la suppression de la tutelle maritale (droits d’ouvrir un compte, d’occuper un emploi, etc. sans l’accord préalable de son mari).
Lorsque l’économie ralentie dans les années 1975, et que le besoin en main d’oeuvre s’inverse (augmentation du chômage), certains prédisent une diminution de l’emploi féminin. Mais au contraire, l’emploi féminin poursuit sa hausse pour différentes raisons : - dans un contexte de lente marche vers l’égalité des sexes, il est difficile de justifier un retour en arrière ; - dans un contexte économique difficile, les ménages bénéficiant de deux revenus peuvent espérer une augmentation de leur pouvoir d’achat ; - certaines professions en plein essor sont essentiellement féminines (assistantes maternelles, aides à la personnes, etc.)…
La féminisation de la population active ne se fait pas sans inégalités :- les femmes, notamment les moins qualifiées, sont davantage touchées par le temps partiel involontaire (exemple : un mi – temps) : on dit qu’elles sont en sous-emploi ;- malgré de réels progrès, les femmes sont toujours moins nombreuses que les hommes à occuper des postes à responsabilité (plafond de verre).
De plus, certains métiers sont essentiellement féminins (assistantes maternelles, aides ménagères, aides à domiciles, etc.) et d’autres sont masculins (agriculteurs, bûcherons, ingénieurs en informatique, etc.). Et dans les mêmes professions (comme médecins), certaines spécialités sont plus occupées par des femmes (pédiatres) et d’autres par des hommes (chirurgiens).