Quelles sont les transformations de l’action collective ?

1 – une diversité d’acteurs :

militantes

Les militants d’un parti distribuent des tracts, participent aux débats au sein du parti, collent des affiches, organisent et animent des réunions publiques.
Avec les nouvelles technologies, les modes de communication changent et les militants doivent s’adapter : ils doivent aussi soutenir leur parti politique sur les réseaux sociaux.



* Le rôle des partis politiques dans l’action collective est-il voué à disparaître ?

partis politiquesLes partis politiques ont aujourd’hui beaucoup moins de membres qu’avant. Certains mouvements se font à l’écart des partis politiques du fait de la défiance qu’ont les individus envers ceux-ci («tous pourris»).
Pourtant les jeunes sont encore nombreux à s’engager et les partis jouent un rôle central en démocratie : ils permettent aux candidats de recueillir des dons et à la population de se repérer dans l’offre politique, ils animent la vie politique, sélectionnent au sein de leur groupe les éventuels futurs dirigeants, et bien entendu, ils participent aux actions collectives.


Définition :
Parti politique : organisation dont les membres se regroupent autour d’un projet politique en vue de conquérir et d’exercer le pouvoir politique.


* Le rôle des associations, dont les syndicats, dans l'action collective :

Alexis de Tocqueville
Selon Alexis de Tocqueville, les associations influencent leurs membres. Elles les rendent plus solidaires, plus sensibles à l’intérêt général, les poussent à s’engager politiquement. Elles favorisent donc leurs engagements dans l’action collective.


Définitions :
Association : est un groupement de personnes volontaires réunies autour d’un projet commun ou partageant des activités, qui ne cherche à réaliser de bénéfices et qui peut avoir des buts très divers (sportif, humanitaire, promotion d’idées ou d’oeuvre, défense d’intérêts, etc.).

Syndicats
Les syndicats sont des associations et donc comme les associations ils influencent leurs membres et les sensibilisent à l’intérêt général. De plus, il est du rôle des syndicats d’organiser des actions collectives : ils sont les principaux organisateurs de manifestations en France. Par l’organisation d’actions collectives (grèves, manifestations, débrayages, etc.), ils instaurent un rapport de force en vue de défendre ou d’étendre les droits des salariés.


Définitions :
Syndicat : association dont l’objectif est la défense d’intérêts professionnels communs.


* Le rôle des groupements dans l'action collective :

On parle d’homicide lorsqu’un être humain (homme ou femme) tue un autre être humain (homme ou femme). Il s’agit d’un crime. Lorsqu’il est intentionnel, l’homicide est qualifié de meurtre. Lorsqu’il est prémédité, il est qualifié d’assassinat.

Le féminicide est le meurtre d’une femme pour la raison qu’elle est une femme. Ce terme revient dans l’actualité, mais il n’est pas récent (XIXème siècle). Le terme féminicide est calqué sur celui d’homicide et il peut être interprété comme une sous-catégorie de ce dernier au même titre que parricide ou infanticide. Mais il résulte surtout de la volonté de mettre en lumière l’asymétrie entre les meurtres d’hommes et les meurtres de femmes.

Image féminicide
Quelques personnes (un groupement) ont commencé par comptabiliser le nombre de meurtres de femmes commis par des conjoints ou ex-conjoints. Elles ont ensuite publié un article dans la presse, puis sont intervenues dans les médias. Ce type d’action a contribué à pousser le gouvernements à créer un évènement sur le sujet et à faire des violences conjugales un sujet central.

L’action collective mené par ce groupement contribue à la lutte contre les violences conjugales.


Remarque : en 2019, 149 femmes sont décédés sous les coups de leur conjoint ou ex, soit une femme tous les deux jours et demi. 27 hommes ont été également tué au sein du couple.

Conclusion : les acteurs de l’action collectif sont de diverses natures. Des acteurs traditionnels comme les partis politiques et les syndicats sont en perte de vitesse (diminution du nombre d’adhérents). Les associations gardent, quand à elles, un certain dynamisme en France. Et les groupements sont de plus en plus nombreux (lutte contre le féminicide, gilets jaunes, mouvement nuit debout, etc.). Ils témoignent du refus «d’être récupérer» politiquement.

Définition :
Groupement : groupement non structuré et momentané de personnes ayant pour objectif d’atteindre des fins partagées.

2 – de nouveaux enjeux de mobilisation :

Photo Sarkozy
La tendance n’était-elle pas à la diminution inéluctable des conflits du travail ? N’observait-on pas, depuis les années 1980, une décrue prononcée du nombre annuel de jours de grève, au point d’inciter un Nicolas Sarkozy¹ à proclamer que «désormais quand il y a une grève, personne ne s’en aperçoit»? (Xavier de la Vega, "Travail, salaires, retraites, La lutte continue", Sciences Humaines, juin 2011).

¹: président de la République entre 2007 et 2012.


Les actions collectives traditionnelles sont des conflits sociaux qui portent spécifiquement sur les questions liées au travail. Elles opposent les salariés et les employeurs et portent sur des enjeux professionnels (salaires, conditions de travail...). Ce sont des conflits du travail.

Ces conflits du travail avaient tendance à utiliser le même type de répertoire : la grève. Celle-ci ayant tendance à disparaître, on pourrait en conclure que les conflits du travail ont tendance à disparaître eux-aussi.

Et s’ils n’ont pas totalement disparu, on peut dire que ceux qui subsistent ont changé de nature : ils étaient plus offensifs autrefois (conquête de nouveaux droits, augmentations de salaires, etc.), ils deviennent plus défensifs aujourd’hui (lutte contre la fermeture d’usines, pour obtenir des indemnités de licenciement, des reclassements, etc.).


Définition :
Conflit du travail : conflit entre des salariés et un employeur portant sur des enjeux professionnels (salaire, conditions de travail, etc.)
.


Qu’est-ce qui explique l’apparente diminution de ces actions collectives traditionnelles ?

diminution des ouvriersLa désindustrialisation due à la mécanisation (progrès technique) et au commerce international (délocalisation, internationalisation de la chaîne de valeur) entraîne une diminution du nombre d’ouvriers qui étaient traditionnellement impliqués dans les conflits du travail.


Cb désyndicalisation
Cette désindustrialisation aurait pu être compensée par l’expansion des activités de services (tertiarisation) qui entraîne l’essor de catégories comme les employés, les professions intermédiaires et les cadres. Mais ces catégories ont tendance à peu se syndiquer (contrairement aux ouvriers), et cette désyndicalisation (baisse du nombre d’adhérants dans les syndicats) explique elle aussi l’apparente diminution des conflits du travail.

Enfin, l’augmentation des emplois précaires peut aussi contribuer à expliquer cette apparente diminution (on a pas tendance à se syndiquer, ni à s’impliquer dans un conflit du travail lorsque l’on veut que son contrat soit renouvelé).


Une diminution des actions collectives traditionnelles à nuancer ?


affiche debrayageSi l’on considère que les conflits du travail se traduisent par des grèves longues, on constate en effet que celle-ci sont peu nombreuses ces 20 dernières années. Mais si l’on tient compte d’autres formes d’actions collectives déclarées par les directions d’établissement plus courtes dans leurs durées comme le refus de faire des heures supplémentaires, le débrayage (grève de quelques heures) ou encore des grèves de courte durée (moins de 2 jours), la diminution des conflits du travail ne semble plus aussi évidente. Les salariés cherchent à se mobiliser en minimisant le coût de cette mobilisation par des actions de plus courtes durées.


tract pétition

Ils utilisent aussi d’autres formes d’actions collectives
comme la grève du zèle (les salariés appliquent minutieusement et à l’exagération les directives, ce qui entraîne une forte diminution de leur productivité), la grève perlée (le salarié accomplit ses tâches mais en étant moins productif), la manifestion, la pétition et autres encore.

Le répertoire d’action collective présente donc une grande diversité d’action. Et les salariés utilisent cette large variété d'actions possibles tout en cherchant à minimiser le coût de leurs actions.


Définition :
Répertoire de l’action collective : regroupe toutes les formes d’action collectives utilisables dans le but d’atteindre l’objectif partagé
.


Quelles sont les nouveaux enjeux de mobilisation ?


Ronald InglehartLes nouveaux enjeux de mobilisation portent sur des revendications autres que les préoccupations matérialistes telles que le niveau de salaire, le pouvoir d’achat, les conditions de travail, etc. En effet, pour Ronald Inglehart, les individus cherchent d’abord à combler des besoins de bases : avoir un logement, avoir un frigo, remplir ce frigo, etc. Ces besoins ont été comblé pendant les Trente Glorieuses.

Après les Trente Glorieuses les individus cherchent à combler des besoins supérieurs comme la réalisation de soi, la reconnaissance d’autrui, etc. Il s’agit de valeurs post-matérialistes, sur lesquelles vont porter les revendications des nouveaux mouvements sociaux : amélioration du quotidien, culture, environnement, reconnaisance et protection des identités, etc.


Association L214

Ainsi, depuis les années 1970, l’action collective porte sur de nouveaux enjeux de mobilisations : l’association L214 par exemple cherche à faire reconnaître la sensibilité des animaux et milite pour un meilleur traitement de ces derniers. Elle rend publique des vidéos filmées dans des abatoirs par exemple.


Association Act UpAct-up Paris est une association militante de lutte contre le sida, issue de la communauté homosexuelle. Pour alerter l’opinion publique sur l’enjeu qu’est la lutte contre le sida, elle organise des die-in (forme de manifestation dans laquelle les participants simulent la mort), elle place un préservatif rose géant sur l’obélisque de la Concorde, etc.


repertoire action collective
Remarque : avec les nouveaux enjeux de mobilisation et les nouveaux mouvements sociaux qu’ils impliquent, le répertoire de l’action collective s’est encore enrichi : gay pride, démontage de restaurant McDonald’s, fauchage de champs, sit-in, die-in, actions spectaculaires, ect.


Définition :
Nouveaux enjeux de mobilisation : désignent les nouvelles formes d’actions collectives qui se développent de plus en plus autour de revendication post-matérialistes (défense de l’environnement, reconnaissance de droits, etc)
.


lutte minoritaire vegans



Parmi les nouveaux enjeux de mobilisations, certains sont des luttes minoritaires, c’est-à-dire des actions collectives menées par des groupes minoritaires comme les gays, les lesbiennes, les transgenres, les végétariens, les végans etc.


Définition :
Les luttes minoritaires : désignent les actions collectives menés par des groupes minoritaires qui recherchent une reconnaissance de leur identité et de leurs droits
.


Conclusion : depuis la fin des Trente Glorieuses, on assiste bien à la multiplication de nouveaux enjeux de mobilisation orientés vers des valeurs post-matérialistes et qui vont enrichir le répertoire de l’action collective. Certains de ces nouveaux enjeux de mobilisation sont des luttes minoritaires. On ne peut néanmoins pas conclure à la fin des conflits du travail. Mais ces derniers deviennent plus défensifs qu’offensifs.