* qu’est-ce que les normes sociales ?
Les normes sociales définissent des situations et les modes de comportement appropriés à celles-ci : certaines actions sont prescrites (ce qui est “bien”), d’autres sont interdites (ce qui est “mal”). Par exemple, dans ce qui est mal, on peut citer le fait de se curer le nez (au volant), de dégrader le véhicule d’autrui, de fumer et de boire de l’alcool pendant sa grossesse. Dans ce qui est bien, on peut citer le fait de manger 5 fruits et légumes par jour, d’être poli, etc.
Définition :Normes sociales : principes ou modèles de conduite conformes au système de valeurs d’un groupe social ou d’une société qui définissent ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire.
* quelles sont les caractéristiques des normes sociales ?
Les normes dépendent du contexte dans lequel elles s’exercent : par exemple porter au minimum un maillot de bain sur une plage est obligatoire, alors qu’il est interdit (ou non toléré) sur une plage de nudiste. Les normes ne sont donc ni naturelles, ni universelles.
Certaines normes peuvent être édictées formellement par la loi ou par d’autres formes de règlements (code de la route, règlement intérieur du lycée, etc.), tandis que d’autres représentent des accords informels.
Les normes juridiques entraînent une sanction formelle qui met en action des institutions spécialisées ayant pour tâche de veiller à l’application de ces normes juridiques (forces de police, magistrats et tribunaux, etc.).
Conclusion : si les normes sont toutes sociales, on distingue néanmoins les normes sociales des normes juridiques.
Définitions :Normes juridiques : normes sociales inscrites dans le droit (lois, code civil, code pénal, codes de déontologie, règlement, etc.), qui font donc l’objet d’une codification formelle.
* comment faire respecter les normes sociales ?
Prenons l’exemple du rire. Le rire est une sorte de réflexe face à une situation jugée comme étant comique ou stressante. Il est considéré comme bénéfique par les médecins et il est même conseillé de rire tous les jours. L'absence de rire peut-être synonyme de mélancolie, voire de dépression.
Mais le rire est aussi une forme de sanction à partir du moment où l'on rit d'une personne ou d'un groupe de personnes qui ont enfreint une norme. Le rire est une forme de contrôle social informel. Il peut être exercé par n'importe qui, il n'émane pas en cela d'une instance particulière. Il est une sanction diffuse mais puissante.
La peine de prison est, elle, une forme de contrôle social formel. Seul l'Etat, et les instances qui le représente (police, gendarmerie, etc.) peuvent l'appliquer. C'est une sanction organisée.
Définitions :Contrôle sociale formel : forme de contrôle social exercé par des groupes sociaux et des institutions spécifiques (police, justice...) afin d'assurer le maintien des règles et la conformité des comportements à la norme.Contrôle social informel : forme de contrôle social exercé par les individus au cours de leurs interactions quotidiennes et qui permet d'assurer le maintien des règles et la conformité des comportements à la norme.
Ainsi la transgression d’une norme sociale non juridique appelle une sanction (négative) informelle, diffuse, pouvant aller d’une simple manifestation de réprobation (froncement de sourcils, rires moqueurs, mépris, etc.) jusqu’à une forme d’exclusion sociale, et qui se manifeste parfois «avec plus de dureté que ne le ferait une quelconque contrainte juridique» selon un des pères fondateur de la sociologie Max Weber.
Remarque : on distingue aussi le contrôle social externe (formel ou informel) du contrôle social interne (ou auto-contrôle) qui résulte de l’incorporation par l’individu d’une norme et des comportements qui y sont liés. Il se manifeste souvent lorsque l’on s’en veut, que l’on a mauvaise conscience, etc.
Les normes définissent ce que l’on tient pour « le cours ordinaire des choses ». Pourtant, on peux observer quotidiennement de nombreux comportements qui s’en éloignent : tuer son voisin, chahuter en classe, oublier de fêter l'anniversaire d'un proche, tricher dans une partie de dominos entre amis, etc.
Pour qu’une situation de déviance existe, il faut l’existence d’une norme et un comportement de transgression de cette norme. Cette transgression donne en principe lieu à une sanction.
Selon Emile Durkheim, un des pères fondateur de la sociologie : il «ne faut pas dire qu’un acte froisse la conscience commune parce qu’il est criminel, mais qu’il est criminel parce qu’il froisse la conscience commune». Ainsi, la déviance, comme les normes, varie dans le temps et dans l’espace. Par exemple, le fait, pour une femme, de porter un pantalon, est considéré comme normal aujourd’hui, et comme déviant autrefois. Les pratiques homosexuelles sont de moins en moins considérées comme déviantes en France (autrefois considérées comme un trouble mental) mais restent largement sanctionnées dans d’autres pays.
Définitions :Déviance : attitudes ou comportements non conformes aux normes et aux valeurs véhiculées par une société ou par un groupe social.Conformité : attitudes ou comportements conformes aux normes et aux valeurs véhiculées par une société ou par un groupe social.
«La déviance est une propriété non du comportement lui-même, mais de l’interaction entre la personne qui commet l’acte et celles qui réagissent à cet acte» écrit ainsi le sociologue américain Howard S. Becker. Ce processus n’est pas nécessairement initié par la transgression effective d’une norme : il peut en effet suffire que l’individu se voit attribué par autrui un acte déviant, qu’il l’ait ou non commis (cas de l’«accusé à tort»). Il est alors étiqueté comme déviant.
Définition :Etiquetage social : processus qui appose une puissante étiquette négative sur un individu ou un groupe qu’il ait ou non transgressé une norme.
Pour le sociologue Erving Goffman, l’étiquetage d’un individu comme déviant peut se faire sur la base d’un stigmate. On parle alors de stigmatisation. Le stigmate est un attribut que porte un individu qui jette un discrédit profond sur lui et lui impose de se percevoir selon le jugement que l’on porte sur lui : cicatrices, obésité, couleur de peau mais aussi troubles mentaux, alcoolisme, antécédents criminels, appartenance à une secte, etc.
Par exemple, être un jeune noir ou un jeune arabe peut être considéré comme un stigmate qui jette un discrédit sur ce dernier (voleur, voyou, racaille...) et qui le conduit à être étiqueté comme appartenant à une «classe dangereuse». En effet, il aura une probabilité 20 fois plus élevée d’être contrôlé par la police qu’une personne «perçue comme blanche».
Définition :Stigmatisation : processus de marquage d’un individu (ou d’un groupe social) en fonction d’un attribut que porte ce dernier et qui jette sur lui un profond discrédit.
La désignation publique de l’individu comme déviant peut constituer le point d’entrée dans une carrière déviante et elle peut participer également au maintien dans cette carrière. En effet, « le seul fait d’être stigmatisé comme déviant a des conséquences considérables sur la vie sociale future de l’individu et sur l’image qu’il aura de lui-même.
Du fait du rejet d’autrui, il peut développer un sentiment de honte et trouver auprès d’autres stigmatisés une sorte de refuge identitaire. Il entre dès lors dans un groupe déviant, dont il s’approprie la « sous-culture déviante », laquelle le fait progressivement s’affranchir des normes « officielles ».
Définition :Carrière déviante : désignation d’un individu comme déviant qui le conduit à adhérer à un groupe déviant organisé et à modifier son système de valeur ainsi que sa façon de percevoir le monde.