Des sondages répétés sur une même question peuvent laisser penser à la population que cette question est une question majeure. C’est ce qu’on appelle «l’effet d’amorçage». La question devient alors une question majeure pour l’opinion publique.
Les sondages peuvent donc avoir pour effet d’influencer l’opinion publique.
Si une question devient une question majeure, alors les partis politiques qui semblent les mieux répondre à cette question seront privilégiés lors d’un vote. C’est ce qui semble s’être produit en 2002 : la question de l’insécurité étant devenue centrale, la gauche (le parti socialiste) a été éliminée du second tour, laissant la droite (Jacques Chirac) et l’extrême droite (J. -M. Le Pen) s’affronter pour la présidence de la République.
Conclusion : les sondages (et les médias) contribuent à faire émerger des sujets et à définir la manière dont on en parle. Le recours fréquent aux sondages d’opinion contribue donc à forger l’opinion publique.
Un recours fréquent aux sondages présente aussi le risque de basculer dans une démocratie d'opinion.
Définition :Démocratie d’opinion : forme de démocratie où le recours fréquent aux sondages permet de répondre avec une grande réactivité aux désirs de l’opinion publique.
Dans une démocratie d’opinion les résultats des sondages sont analysés et disséqués et les moindres variations constatées sur un sujet donnée entraînent des réactions quasi immédiates de la part de certains hommes politiques. L’opinion publique devient alors un déclencheur de l’action politique.
La démocratie d’opinion s’accompagne souvent d'une dérive vers le populisme et la démagogie.
Le populisme est un terme souvent péjoratif (non valorisant) désignant un discours politique s'adressant aux catégories populaires, discours fondé sur la critique du système et de ses représentants.
La démagogie est une attitude en politique qui consiste à flatter les masses afin de gagner et d’exploiter leur adhésion.
Dans une démocratie d’opinion, l’idéologie du partie peut être abandonnée par certains de ses membres qui désirent réussir leur carrière en s’alignant sur les désirs de l’opinion publique.
Les hommes politiques ne se battent alors plus pour une idéologie mais pour faire plaisir aux attentes de l’opinion publique afin de réussir leur carrière : ils font preuves de démagogie.
Conclusion : le recours fréquent aux sondages d’opinion pousse les hommes politiques à s’aligner sur les désirs de l’opinion publique.
Les sondages permettent de mesurer la cote de popularité de chaque homme politique. Le recours fréquent à ces sondages accélère le rythme de la vie politique qui prend alors l’allure d’une course de chevaux où les compétiteurs sont incités à se livrer à des coups de communication afin de peser sur l’opinion.
Définition :Communication politique : ensemble des techniques auxquelles recourent les responsables politiques pour séduire et obtenir le soutien de l’opinion publique.
Enfin, certains dénoncent l’influence que peut avoir les sondages pré-électoraux sur une élection.
Le fait qu’un candidat soit donné gagnant à une élection peut lui permettre de profiter de l’effet «bandwagon» (les électeurs votent pour lui pour «faire comme les autres») ou de souffrir de l’effet «humble the winner» (les électeurs sanctionnent le gagnant et ne votent pas pour lui).
Le fait qu’un candidat soit donné perdant à une élection peut lui permettre de profiter de l’effet «underdog» (par réaction, les électeurs préfère soutenir le perdant en votant pour lui) ou de souffrir de l’effet «snub the looser» (les électeurs boudent le perdant et ne votent pas pour lui).
Les électeurs peuvent se dire que tout est joué d’avance et que cela ne sert plus à rien de voter. Les sondages peuvent avoir pour effet de réduire la participation électorale et donc d’augmenter l’abstention.
Définition :Participation électorale : proportion d’électeurs qui votent et qui choisissent donc de ne pas s’abstenir.
Enfin les sondages peuvent faire taire les opinions minoritaires qui n’osent plus s’opposer à ce qui semble être l’opinion publique.
Conclusion : le recours fréquent aux sondages d’opinion contribue à forger l’opinion publique et modifie l’exercice de la démocratie (démocratie d’opinion) et de la vie politique (participation électorale, communication politique, etc.).