Comment expliquer la participation électorale ?

1 –  Comment mesurer la participation électorale ?

L’objectif des deux documents ci-dessus est de présenter les résultats du second tour de l’élection présidentielle de 2017 où s’affrontaient Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

En 2017, 10,2 % des français en âge de voter ne sont pas inscrits sur les listes électorales, soit parce qu’ils sont déchus de leurs droits politiques, soit parce qu’ils n’ont pas effectué les démarches nécessaires auprès de leur mairie (après un déménagement par exemple).

Ainsi, 89,8 % des français en âge de voter était inscrits sur les listes électorales en 2017 : il s’agit du taux d’inscription sur listes électorales.

Définition :
Taux d’inscription sur listes électorales : part de la population en âge de voter effectivement inscrite sur les lites électorales et qui a donc la possibilité d’aller voter.

Au second tour des élections présidentielles de 2017, 22,8 % des français en âge de voter se sont pas allés voter : ils se sont abstenus. Ainsi 67 % des français en âge de travailler ont participé aux élections en votant.

Remarque : les taux d’abstention et de participation se calculent à partir des inscrits sur les listes électorales et non à partir de l’ensemble des français en âge de travailler. Ainsi, en France, au second tour des élections présidentielles de 2017, 25,44 % des inscrits sur liste électorale ne sont pas allés voter, comme indiqué sur le premier document. Cela veut dire que 74,66 % des inscrits sur liste électorale sont allés voter à cette élection : il s’agit du taux de participation.

Définitions :

Taux d’abstention à une élection : part des inscrits sur liste électorale qui décide de ne pas allé voter à une élection.

Taux de participation à une élection : part des inscrits sur liste électorale qui décide de voter à une élection.

Au second tour des élections présidentielles de 2017, 7,7 % des français en âge de voter ont voté soit blanc (enveloppe vide ou bulletin vierge) soit nul (bulletins déchirés, annotés, doubles ou sans enveloppe).

Conclusion : dans le premier document, la présentation des résultats de l’élection en fonction des suffrages exprimés ne permet pas de rendre compte de la proportion de non inscrits sur liste électorale, de la proportion d’inscrits qui s’abstiennent de voter ou encore de la proportion d’inscrits qui votent nuls ou blancs. La première présentation a tendance à légitimer le résultat des élections alors que la deuxième, plus réaliste, peut jeter le doute.

2 qu’est-ce qui explique la participation électorale ?

En France, en 2017, aux élections présidentielles et législatives, les sans diplômes se sont abstenus 3 fois plus que les diplômés du supérieur, selon l’Insee.

En France, en 2017, aux élections présidentielles et législatives, les ouvriers se sont abstenus 2,5 fois plus que les cadres (16/6,4), selon l’Insee.

Les «sans diplômes» ou les ouvriers risquent de ne pas se sentir suffisamment compétent pour pouvoir donner leur avis en votant. Il en est de même pour les précaires (personnes dont l’avenir, la stabilité, ne sont pas assurés) et les jeunes.

L’abstention est aussi lié au degré d’intégration sociale des individus ainsi qu’à l’intérêt qu’ils peuvent porter à la politique.

L’abstentionnisme dont il est question ici est qualifié d’abstentionnisme hors jeu.

à savoir : pour Daniel Gaxie (1979), certains agents s’estimant incompétents du fait de leur position dans la structure sociale et surtout de leur infériorité scolaire, entretiennent avec la politique un rapport d’exclusion qui aboutit au même résultat que les restrictions du droits de vote d’autrefois lorsque le suffrage était censitaire et non universelle. Il parle alors de «cens caché».

Définitions :

Sentiment de compétence politique : sentiment de comprendre la vie politique de manière suffisante pour pouvoir donner légitimement son opinion politique et aller voter.

Degré d’intégration sociale : degré d’insertion des individus dans les différents groupes sociaux et dans la société.

Enfin l’abstentionnisme peut résulter d’un choix politique, pour manifester une insatisfaction ou un rejet de l’offre politique ou du système politique. On parle alors d’un abstentionnisme dans le jeu.

Remarque : certains inscrits ne s’abstiennent pas mais ils votent nul ou blanc pour les mêmes raisons.

Conclusion : la participation électorale est liée à divers facteurs inégalement partagés au sein de la population (degré d’intégration sociale, intérêt pour la politique, sentiment de compétence politique).

Aux élections régionales de 2021, 66,7 % des inscrits (soit les 2/3) ont choisi de ne pas aller voter.

A l’élection présidentielle de 2017, 25,4 % des inscrits (1/4) ont choisi de ne pas aller voter.

La participation aux différentes élections n’est pas la même car les électeurs perçoivent que les enjeux ne sont pas les mêmes. Pour les électeurs, l’enjeu sera par exemple plus important pour les élections présidentielles que pour les élections européennes où la participation est régulièrement moins importante.

Définition :
Vote sur enjeu : pratique consistant à aller voter en fonction des enjeux que l’électeur perçoit selon les candidats et / ou selon le type d’élections.

Remarque : le vote sur enjeu n’explique pas que l’abstention, il explique aussi la forte volatilité des votes.

Conclusion : la participation électorale est aussi liée à des variables contextuelles : perception des enjeux de l’élection et types d’élection.