
Lors des élections de 2017, neuf électeurs sur dix ont participé à au moins un des quatre tours. Cependant, seulement quatre électeurs sur dix ont voté systématiquement, lors des quatre tours, contre cinq sur dix lors des scrutins présidentiels et législatifs de 2002, 2007 et 2012. Ainsi, 6 électeurs sur 10 ont voté par intermittence aux élections présidentielles et législatives de 2017 : le vote intermittent a augmenté.

Le vote des ouvriers était autrefois considéré comme un vote de classe en faveur de la gauche (et notamment du parti communiste). Or, en 2017, 43 % des ouvriers avaient l’intention de voter pour l’extrême droite.
Conclusion : la volatilité électorale revêt des formes variées : intermittence du vote, changement des préférences électorales.
Définition :Volatilité électorale : tendance à changer de préférences électorales et / ou à voter par intermittence.
Remarque : l’apparition de la volatilité électorale dans les années 1970 conteste l’approche par variables lourdes.
Dans un article paru dans la revue Commentaire, Jérôme Fourquet présente le rapport à la mondialisation comme un nouveau clivage. Selon l’auteur, les espaces et les catégories les moins armés face à la mondialisation (bassins industriels en crise, territoires ruraux et périphériques, électeurs peu diplômés) ont été les principaux soutiens de Marine Le Pen, mais aussi de Trump et du Brexit, ou du candidat d’extrême droite Norbert Hofer en Autriche. La variable la plus structurante de ce nouveau clivage serait le niveau de diplôme, qui constitue une variable de plus en plus superposable avec la géographie électorale, la progression des prix de l’immobilier reléguant les peu diplômés aux marges des agglomérations. Examinant la relation entre vote d’extrême droite et distance à Paris lors des élections régionales de 2015, J. Fourquet observe ainsi une corrélation significative entre ces variables.
Progressivement depuis les années 1990, le clivage traditionnel gauche - droite, qui existe depuis la Révolution, est remis en cause. En 2017,une enquête montre que 66% des électeurs considèrent que le clivage gauche-droite n’est plus pertinent.
Le nouveau clivage se fait entre les anti-mondialistes (patriotes) et les mondialistes (aussi pro-européens). Le vote en faveur de l’extrême droite vient majoritairement des « perdants » de la mondialisation : catégories populaires souvent ouvriers ou chômeurs, peu diplômés, vivants en agglomération des villes, ou vivants dans les campagnes ou dans les bassins industriels en crise.
La volatilité électorale reflète donc un déclin de l’identification politique et notamment celle qui s’effectuait selon le clivage gauche / droite. Les individus votent ainsi plus en fonction des enjeux des différentes élections.
Un affaiblissement ou une recomposition du poids de certaines variables sociales (déclin du parti communiste, moindre importance de la religion) accentue ce déclin de l’identification politique et donc cette volatilité électorale.
Ainsi, les variables contextuelles (enjeux) ont pris de l’importance (par exemple l’enjeu écologique) et le vote se fait davantage en fonction de ces dernières.
Remarque : le vote sur enjeux signifie que l’électeur perçoit un enjeu majeur propre à une consultation électorale, est capable d’avoir un avis sur ce sujet, de percevoir des différences entre les partis sur la manière de traiter cet enjeu et d’orienter son vote en fonction de sa proximité avec un candidat sur ce sujet.