L’homme et l’abeille vivent tous les deux en «communauté». Pour autant l’abeille est prisonnière de son code génétique : son comportement lui est dicté.
L’homme, lui, est libre dans son organisation (démocratie, royalisme etc.). Si son comportement ne lui est pas dicté par ses gènes (ou peu), il doit néanmoins tout apprendre : normes, valeurs, langage, préférences, aspirations, façon d’agir, de penser, d’anticiper l’avenir, etc.
A savoir : l’homme vient au monde totalement démuni et dépendant. Il doit tout apprendre : normes, valeurs, langage, préférences, aspirations, façon d’agir, de penser, d’anticiper l’avenir, etc. Il le fait par le processus de socialisation. Il a besoin pour cela d’un environnement constitué d’individus (humain) qui participe à cette socialisation.
La socialisation permet d’intérioriser des normes, des valeurs et des rôles sociaux.
Les valeurs sont des idéaux collectifs d’une société, représentant ce qui est de l’ordre du désirable et qui influencent les actions des individus.
Les normes sociales sont des principes ou modèles de conduite conformes au système de valeurs d’un groupe social ou d’une société.
Les rôles sociaux sont des ensembles de comportements que les membres d’un groupe attendent d’un individu en fonction de son statut.
Le statut social est la position occupée par un individu dans un espace social donné et qui génère un ensemble de comportement de la part d’autrui.
Remarque : les individus peuvent occuper plusieurs statuts, mais ils n’exerceront pas plusieurs rôles à la fois. Par exemple, un professeur, père de famille, jouera un rôle de professeur face à la classe (le statut de père devenant latent), et non de père. Ce n’est pas ce qu’attendent de lui ses élèves.
Définition :Socialisation : processus continu par lesquels les individus s’approprient les normes, les valeurs et rôles qui régissent le fonctionnement de la vie en société.
Remarque : la force de la socialisation réside dans le fait que ces dispositions (façons de faire, d’agir et de penser, inclinaisons ou propensions) s’inscrivent de façon inconsciente dans les esprits (intériorisation) et, plus encore, dans les corps (incorporation) au point d’acquérir la force de l’évidence.
La socialisation est considérée comme un processus continu car c’est un processus qui dure toute la vie. On distingue toutefois deux types de socialisation en fonction de son âge : la socialisation primaire (la plus intense) et la socialisation secondaire (qui se déroule à l’âge adulte).
Définitions :Socialisation primaire : processus de socialisation qui concerne l’enfance et l’adolescence.Socialisation secondaire : poursuite du processus de socialisation à l’âge adulte.
On distingue globalement trois manières de socialiser qui ne sont pas exclusives les unes des autres : l’injonction (on contraint le socialisé à), l’imitation (le socialisé imite) et l’interaction (on fait comprendre au socialisé le sens de la norme).
Remarque : il faut aussi souligné le rôle de l’expérimentation dans la socialisation : par une succession d’actes (en conformité ou en désaccord avec les normes), l’enfant teste son environnement ; il apprend ainsi ce qu’il peut faire ou non, quelles sont les limites en fonction des «autres».
L’action des instances de socialisation est différente en fonction du milieu social.
Le milieu social fait référence à l’environnement physique et social immédiat dans lequel va se dérouler la socialisation. On distingue par exemple les milieux populaires plutôt pauvres des milieux aisés plutôt riche.

Pour effectuer des comparaisons, on prendra la catégorie des ouvriers pour caractériser les milieux populaires. Un ouvriers est un personnel d’exécution plutôt faiblement qualifié effectuant un travail manuel.
On prendra la catégorie des cadres pour caractériser les milieux aisés. Un cadre est un personnel d’encadrement, c’est-à-dire, qu’il est situé vers le haut de la hiérarchie dans l'entreprise, qu’il peut donner des ordres ou des consignes, qu’il a un pouvoir de décision, qu’il est plutôt fortement qualifié.
Par exemple dans les familles d'enfants de cadre, le langage utilisé est plus riche et plus abstrait alors que dans les familles d’enfants d’ouvrier, le langage est moins riche et plus concret. De plus, on retrouve chez les enfants de cadre, des pratiques culturelles plus fréquentes telles que la lecture, la visite de musées, de monuments historiques, la fréquentation de théâtres, de conservatoires, de médiathèques, des pratiques qui vont favoriser leur réussite scolaire.
La culture des enfants de cadre est plus valorisée à l’École, ce qui favorise leur réussite scolaire et ce qui va induire de leur part, un comportement plus ambitieux.
Au final, les enfants de cadre auront une probabilité plus forte d’obtenir un diplôme élevé et de devenir cadre.
Remarque : il s’agit d’une tendance qui n’occulte en rien la possibilité pour un enfant d’ouvrier de réussir à l’École et de devenir cadre.
L’action des instances de socialisation est différente en fonction du sexe des enfants.
Le choix des habits, de la chambre, des jouets, des activités péri-scolaires ne seront pas les mêmes selon qu’il s’agit d’un garçon ou d’une fille. Les attentes de la part des différentes instances de socialisation (famille, médias, école et groupe de pairs), véhiculant des stéréotypes, ne seront pas non plus les mêmes selon qu’il s’agit d’un garçon ou d’une fille. Ils attendent par exemple de la part d’une fille qu’elle soit gracieuse, élégante, et douce et d’un garçon qu’il soit fort, ambitieux et compétiteur.

La socialisation différenciée selon le genre induit des comportements différenciés de la part des garçons et de la part des filles. Depuis les années 1970, les filles réussissent mieux que les garçons à l’École car elles ont un comportement plus docile et plus adapté à cette dernière. Les garçons sont plus ambitieux et sont davantage représentés dans les filières élitistes : ils sont plus nombreux à accéder à des postes à très haute responsabilité.
Définition :Socialisation différenciée : action différenciée des agents de socialisation primaire en fonction des individus qui induit en retour des comportements différenciés de la part de ces derniers.
Conclusion : par la socialisation, les individus expérimentent et intériorisent des façon d’agir, de penser et d’anticiper l’avenir qui sont socialement situées et qui sont à l’origine de différences de comportements, de préférences et d’aspirations.
La famille est l’instance de socialisation primordiale dans la socialisation primaire puisqu’elle exerce un contrôle sur les autres instances (sur l’usage des réseaux, sur les fréquentations, etc.) et qu’elle agit sur un domaine plus large que ne fait l’Ecole (domaine politique, domaine religieux, façon de s’habiller, etc .).
Pourtant, la famille connaît des transformations.

Une famille « traditionnelle » est un couple avec son ou ses enfants de moins de 18 ans.
Une famille monoparentale est un parent seul (majoritairement une femme) avec son ou ses enfants de moins de 18 ans.
Une famille recomposée est un couple avec au moins un enfant de moins de 18 ans né d'une union précédente de l'un des conjoints.
En 2020, en France, un peu plus de deux familles sur trois (67,2%) sont des familles « traditionnelles ». Mais cette proportion a tendance à diminuer entre 2011 et 2020 alors que la proportion de familles monoparentales a tendance à augmenter. Elles représentent aujourd’hui environ une famille sur quatre (alors qu’elles représentaient 8,2 % des familles dans les années 1975).
La proportion de familles recomposées a, elle, tendance à stagner entre 2011 et 2020.
Conclusion : l’augmentation des séparations a tendance à transformer les configurations familiales et la socialisation qui se déroule au sein de ces familles.
La séparation des parents a des effets négatifs sur la réussite scolaire des enfants.
La première raison est d’ordre purement économique : la séparation entraîne une baisse du niveau de vie du parent qui élève les enfants.
Deux autres raisons peuvent être invoquées : le contrôle des activités est plus difficile lorsqu’on élève seul des enfants et il y a fréquemment des divergences éducatives entre les parents séparés qui peuvent affaiblir leurs injonctions lors de la socialisation.
Les conditions de socialisation se trouve ainsi transformées dans les familles monoparentales.
Remarque : les conditions de socialisation se trouve aussi transformées dans les familles recomposées. Et le nombre d’enfants dans les familles change aussi les conditions de la socialisation : plus les enfants sont nombreux, moins ils ont tendance à réussir à l’école. Or le nombre d’enfants par famille a tendance à diminuer.
Conclusion : la diversité des configurations familiales modifie les conditions de la socialisation des enfants et des adolescents.