Depuis 2002, le centre de gravité du monde se déplace peu à peu vers l’Asie. Selon le centre d’analyse stratégique : « Après avoir largement dominé le monde durant plus de deux siècles, les puissances occidentales assistent à un basculement du centre de gravité de l’économie mondiale vers l’Asie et notamment vers la Chine » (pour voir l’article en entier, cliquer ici). L’Asie est donc devenu un acteur essentiel de la croissance mondial.
Or, on apprend dans un article de France info, paru en ligne le 26 janvier 2023, l'existence en Asie d’une proportion de plus en plus importante de jeunes cadres qui consomment l’intégralité de leurs salaires et qui ne désirent pas épargner. Ce mouvement, auquel s’identifient ces jeunes, porte un nom : «le clan du clair de lune» ou «moonlight gang». Il est particulièrement présent en Chine, à Hong Kong, à Singapour et à Taïwan. Ces jeunes, de catégories plutôt aisées, consomment l’intégralité de leur salaire en habits de marque, en produits de luxe, en soins au spa, en restaurants branchés ou encore en voyage.
* Quel est l’impact de ce mouvement sur l’économie mondiale ?
Dans un premier temps, l’impact sur la croissance économique mondial est plutôt positif car il faut répondre à une demande de plus en plus importante émanant de ces jeunes en produisant davantage. Or, la croissance économique, c’est l’augmentation de la production. Pour remarque, on peut constater la bonne santé économique des géants du luxe dits français comme LVMH, Loréal, Kéring qui ont bénéficié de cette forte demande asiatique.
Mais comme nous l'avons vu dans la fiche 2, en économie, la production se fait avec du capital et du travail. Pour l’accroître, c’est-à-dire obtenir de la croissance économique, il faut donc faire des enfants, ou avoir recours à l’immigration, ou faire travailler davantage d’actifs (jeunes, femmes, personnes âgés), ou faire travailler davantage les actifs déjà en poste (recours aux heures supplémentaires, allongement de la durée hebdomadaire de travail, diminition du nombre de jours fériés ou du nombre de jours de congés payés, etc.). Ou alors il faut accumuler du capital en épargnant. On peut aussi produire plus en utilisant la même quantité de facteurs de production, mais en utilisant ces facteurs de manière plus efficace (productivité). Enfin, l’environnement (les institutions) peut favoriser ou défavoriser ces mécanismes et ainsi être favorable ou défavorable à la croissance économique.
En consommant tout leur salaire, les jeunes se disant appartenir au clan du clair de lune, n’épargnent pas. Or si l’épargne vient à manquer, l’accumulation du capital peut être insuffisante pour favoriser la croissance économique. De plus, on apprend qu’une grande partie de ces jeunes ne compte pas avoir d’enfants. Dans l’article, il est écrit : « Déjà, on constate un effondrement de la natalité dans tous ces pays : Taïwan a maintenant le plus bas taux de fécondité de toute la planète ». On risque donc d’assister à terme à un vieillissement de la population et à une diminution du facteur travail, ce qui là encore, nuit à la croissance asiatique, voire à la croissance mondiale.
Un accroissement de la productivité peut-il venir contre-balancer ce phénomène ? Où va-t-on voir d’autres zones du monde prendre le relais en tant que moteur de la croissance mondiale, comme l’Inde ou encore l’Afrique ?
Remarque : les sources de la croissance économique sont donc l’accroissement des facteurs de production, leur meilleure utilisation (productivité) ainsi que les institutions. Mais l’augmentation de la demande n’est pas une source de la croissance économique. Elle incite bien à produire davantage, et pour produire davantage, on utilisera plus de facteurs de production et / ou on les utilisera mieux.